28 mars 2007

Opéra people Théâtre des Champs-Elysées le 28 mars


Le duo de stars a séduit le public par son charisme. Même si, musicalement, la soirée ne fut guère mémorable.
Grâce aux récitals proposés par les « Grandes Voix », il pleut des stars, cette saison, sur le Théâtre des Champs-Elysées. Ce furent, récemment, Joseph Calleja (décevant) et Patrizia Ciofi, Juan Diego Florez (éblouissant) et Daniela Barcellona. Aujourd'hui, Anna Netrebko et Rolando Villazon se partagent l'affiche, nouveau couple idéal... au disque et à la scène, adorés des magazines « people ». Elégante robe prune d'abord, fourreau blanc brodé de noir après l'entracte, la soprano joue les séductrices, Violetta (« Traviata »), Manon : voix sensuelle, légère mais puissante, chant glamour. Le ténor, constamment sous pression, et manifestement fatigué au point d'être souvent en désaccord avec la justesse, inquiète. A la tête de l'Orchestre national de Belgique, Emmanuel Villaume, bruyant et ordinaire, ne les aide en rien. Quelques moments excitants, d'autres caricaturaux (« West Side Story »), c'est tout comme : le public est en délire. On appelle ça le charisme. Il n'est pas sûr que la musique y trouve son compte.

27 mars 2007

Chine et Tibet, une si longue histoire
Article paru dans l'édition du 23.03.08
Pendant des siècles, le Tibet et la Chine ont entretenu des rapports d'influence réciproque. Le premier était un maître spirituel, la seconde un protecteur laïc. Ce n'est que dans la période récente que Pékin a imposé à la population tibétaine une domination de type colonial





e Tibet est agité de troubles depuis une semaine. Quel est le fondement historique de cette prétention chinoise sur le Tibet ?

- Les sources chinoises ne s'accordent pas sur la date à laquelle, selon elles, le Tibet serait devenu une partie intégrante de la Chine. Disons brièvement qu'elles remontent soit à la dynastie mongole des Yuan (1277-1367), soit à celle mandchoue des Qing (1644-1911). Sous les Yuan, une relation très particulière avait été scellée entre des religieux tibétains et Kubilaï Khan, qui allait régner sur l'Empire mongol dans lequel la Chine et le Tibet étaient intégrés au même titre.

Il s'agissait d'une relation politico-religieuse entre un maître spirituel et un protecteur laïc dans laquelle le maître donnait enseignements et initiations, et le laïc assurait sa protection et faisait des dons. Les différents protagonistes jouèrent sur l'ambiguïté de cette relation qui se poursuivit, mais de manière beaucoup moins forte, avec certains empereurs de la dynastie chinoise des Ming (1368-1644). Ceux-ci ne considéraient d'ailleurs nullement le Tibet comme une partie intégrante de leur territoire puisque celui qui fonda cette dynastie envoya lors de son avènement une lettre au Tibet, comme il l'avait fait pour les autres pays.

Sous la dynastie mandchoue des Qing les relations entre le Tibet et la Chine connurent un changement. Cette relation de maître spirituel à protecteur laïc perdura, mais n'était pas comprise de la même manière par chaque partie. Pour les Tibétains, elle était purement religieuse, alors que les empereurs mandchous, bien que bouddhistes, l'utilisaient afin de se concilier les Tibétains et les Mongols. Cette relation est présentée actuellement comme une relation de subordination par les Chinois et est utilisée pour revendiquer le Tibet. Suite à de nombreux troubles, le pouvoir impérial intervint dans les affaires tibétaines et à partir de 1720, des administrateurs chinois et une garnison furent installés au Tibet.

Comment cet héritage a-t-il pesé au XXe siècle ?

- Au début du XXe siècle, le Tibet devint le centre d'un enjeu géopolitique, notamment dans le cadre du « grand jeu » qui opposait en Asie centrale l'Angleterre à la Russie. Les Britanniques voulaient ouvrir des voies commerciales au Tibet. Ne recevant aucune réponse du gouvernement tibétain, en 1904, ils pénétrèrent au Tibet et parvinrent à Lhassa. Le treizième dalaï-lama s'enfuit en Mongolie puis en Chine. En 1910, peu après son retour au Tibet, la dynastie Qing chercha à prendre véritablement le contrôle du Tibet et envoya une armée. Le dalaï-lama trouva refuge en Inde.

L'effondrement de la dynastie Qing en 1911 lui permit de revenir au Tibet et de proclamer l'indépendance de son pays. En 1949, Mao proclama la République populaire de Chine. Il affirma la souveraineté de la Chine sur le Tibet et eut les moyens militaires de l'imposer. En, 1965, la « Région autonome du Tibet » fut fondée et les régions traditionnelles du Tibet - Kham et Amdo - furent définitivement intégrées dans les provinces chinoises du Qinghaï, Gansu, Yunnan et Sichuan.

Pour justifier l'ancienneté de leurs liens avec le Tibet, les Chinois évoquent aussi souvent l'alliance entre un monarque tibétain et une princesse chinoise.

- Il est vrai que Songtsen Gampo, le premier grand roi tibétain, qui régna dans la première moitié du VIIe siècle, épousa une princessse chinoise qu'il avait obtenue sous la menace militaire. Cette princesse, une fervente bouddhiste, fit construire un temple à Lhassa et apporta de Chine une statue de Bouddha que les fidèles continuent d'honorer de nos jours dans le grand temple de Lhassa.

Les Chinois exploitent cet épisode pour faire remonter leur influence à une date ancienne alors que le Tibet était à cette époque une puissance considérable très crainte par la Chine. En moins d'un siècle, l'empire tibétain s'était alors taillé un territoire gigantesque allant du nord de l'Asie centrale à la Chine, dont la capitale Xian est même conquise. C'est à ce moment que le bouddhisme est introduit et deviendra religion d'Etat au VIIIe siècle. C'est une période de grand essor culturel et intellectuel que les Tibétains appellent la « première diffusion du bouddhisme ».

Le Tibet était-il une théocratie ?

- Le dalaï-lama est considéré comme l'émanation de la divinité protectrice du Tibet, le bodhisattva de la compassion Avalokiteshvara. Le nom de dalaï-lama apparaît au XVIe siècle à la suite de la rencontre en 1578 entre un chef mongol et le troisième maître d'une lignée de religieux éminents. Mais ce n'est qu'en 1642 que le cinquième dalaï-lama reçoit, des mains de Gushri Khan, chef des Mongols Qoshot, dont il est le maître religieux, la souveraineté sur le pays.

Le Parti communiste chinois prétend avoir « libéré » le Tibet de la noblesse esclavagiste. Existait-il un « esclavage » au Tibet avant 1949 ?

- Le mot « esclave » est parfaitement impropre. Très schématiquement, on peut dire que le Tibet était une société à strates, très hiérarchisée, dans laquelle existait une séparation nette entre religieux et laïcs. Les laïcs étaient divisés en trois strates : la noblesse, le peuple, la strate inférieure (bouchers, pêcheurs...). Trois groupes seulement pouvaient être propriétaires : l'Etat, le clergé et les nobles. Le terme de « serfs », appliqué aux paysans, est contesté par certains tibétologues, qui préfèrent celui de « gens du commun » ou « sujets ».

En fait, les paysans, la grande majorité du peuple, étaient héréditairement liés à la terre et devaient des taxes qui étaient versées en argent, en nature, mais la plupart étaient sous forme de travail, essentiellement le travail de la terre. En dépit de cette structure qui peut paraître rigide, il y avait en fait une grande flexibilité. Ces paysans avaient des devoirs mais jouissaient aussi de droits. Les seigneurs n'avaient aucunement pouvoir de vie et de mort sur eux. Il ne s'agissait pas du tout d'un système idéal, mais il n'avait rien à voir avec de l'esclavage.

Pékin invoque souvent les bienfaits économiques de sa présence. Qu'en est-il ?

- S'il est vrai que de nombreux changements ont commencé avec l'arrivée des communistes, il est tout aussi vrai que même sans eux, le Tibet se serait modernisé. Un économiste anglais, A.M. Fischer, a montré combien la croissance, au Tibet, est génératrice d'exclusion, une grande part de la population, principalement les Tibétains, n'ayant pas les moyens de participer à cette croissance. Depuis une cinquantaine d'années, la politique de financement du Tibet par les autorités centrales est motivée par des stratégies militaires et place le Tibet sous la totale dépendance de ces subventions.

Les compagnies de construction viennent généralement d'autres régions de Chine. De plus, les ouvriers sont essentiellement des travailleurs chinois, souvent meilleurs du fait de leur formation. La construction du train reliant les grandes villes de Chine à Lhassa a facilité la venue de nombreux migrants chinois. Par ailleurs, la nécessité de devoir parler couramment le mandarin pour trouver un travail ne permet pas aux Tibétains d'entrer en compétition avec les Chinois sur le marché du travail. Les bénéficiaires de ce boom économique sont les migrants Hans et quelques privilégiés tibétains, ce qui explique l'énorme frustration que ressentent les Tibétains.

Peut-on vraiment parler de « génocide culturel » au Tibet, selon la formule du dalaï-lama ?

- Je n'aime pas trop ce terme. Mais il est vrai que si la situation ne change pas, on s'achemine vers la disparition de la civilisation tibétaine. La langue est en danger : dans la Région autonome, l'enseignement est en chinois à partir du collège et le tibétain n'est pas utilisé dans l'administration. Il est vrai que la situation est meilleure en dehors de la Région autonome, car il existe des collèges et des lycées où le tibétain est la langue d'enseignement.

Une autre frustration vient des restrictions sur les questions religieuses. Certes, de nombreux monastères ont été reconstruits. Des activités religieuses s'y déroulent. Mais, depuis 1995, la situation s'est durcie. Les photos du dalaï-lama sont interdites aussi bien en public qu'en privé ; les fonctionnaires d'Etat n'ont pas le droit de pratiquer ; il y a des cours d'éducation patriotique dans les monastères ; il faut remplir certaines conditions pour entrer au monastère.

Pourquoi la Chine est-elle aussi intraitable sur le Tibet. Au fond, quel est l'enjeu pour elle ?

- Outre une revendication idéologique qui s'inscrit dans l'histoire du nationalisme chinois, c'est certainement la position géostratégique du Tibet qui explique l'attitude de la Chine. On ne peut oublier l'immense superficie de ce pays. Le Grand Tibet, c'est-à-dire le Tibet historique, représente un quart de la Chine.

Si l'on ajoute à cela que dix des plus grands fleuves de l'Asie y prennent leur source et que les richesses minières y sont abondantes, on peut comprendre la position si intraitable des gouvernants chinois. A leurs yeux, perdre le Tibet porterait en germe la désagrégation de leur empire multiethnique. Après le Tibet, le Turkestan oriental (Xinjiang), qui connaît lui aussi des troubles endémiques, pourrait se manifester plus violemment. Si vous enlevez à la Chine le Tibet, le Xinjiang et la Mongolie intérieure, il ne lui reste plus qu'un espace considérablement réduit.

18 mars 2007

Petits plaisirs des jours





j'adore vous voir en sous-vêtements.j'aime cet instant trop court où vous vous révélez, messieurs. Cet instant dont vous me privez quelques fois; trop pressés que vous êtes de vous abandonner, trop honteux peut être, de vous afficher avec un slip ou un caleçon quelconque, ou pas net ? Pourtant, c'est vous aussi, ce slip trop large et qui baîlle. Et je vous le dis, j'aime, cet espace de mystère entre le tissu et la peau. Cet espace qui se mesure a l'aulne de votre désir grandissant. Cet espace où je voudrais pouvoir me glisser. Capter enfin les premières effluves. concentré de votre intimité. Vous caresser déjà du bout des doigts.Avant de vous connaître,pour déjà vous connaître. Avant, avant que cela ne commence et puis se termine
Ariodante -Haendel - TCE - 14 mars

Bon, effectivement, on aimerait bien à Paris, pas tout le temps certes, mais quand même, de temps en temps , une mise en scène, "comme avant". avec des tentures rouges, des candélabres dorés, des temples et des statues partout. Des grosses dames aussi, et des messieurs en costume de romain avec le ventre qui se devine derrière les plis. ok, là encore mise en scène minimaliste, beaux costumes.. minimalistes et des danseurs comme "aujourd'hui" qui rampent... souvent.
Mais ne tirons pas sur le pianiste! la musique est là, les voix étaient là pour la magnifier et pour faire de ce 14 mars une belle soirée.
pour mémoire, l'article du Monde"

Rien à garder de cet "Ariodante"


En 2005, au Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Lukas Hemleb avait donné un spectacle lyrique ridicule. C'était une Clémence de Titus, de Mozart, en toge, qu'on eût cru signé d'un apprenti metteur en scène désigné pour un spectacle d'une fin d'année scolaire. Mais certains assuraient que Hemleb était un grand metteur en scène de théâtre et que ce premier pas dans une grande institution lyrique n'était qu'un faux pas.


Presque trois ans plus tard, l'Allemand signe un Ariodante, de Haendel, au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris. Et, le rideau baissé, la seule consolation est de filer au Bar des Théâtres, sis en face.

Filer au bar, après un spectacle, est chose naturelle quand on y va pour fructifier l'expérience, la partager et la mettre en perspective. Quand on y court pour oublier, l'heure est grave. Bernanos, qui avait le sens du tragique, eût dit : "Dieu nous renonce."

DES STARS PEU PROBANTES

Qu'on le prenne par le début ou par la fin, ce spectacle est un désastre. Par le début ? Un bouffon (du roi) exécute des simagrées qui disent qu'une lecture de biais va intervenir. (La plupart des metteurs en scène signalent leur regard "décalé" sur le legs ancien par des gestes critiques, donc bouffons.) Par la fin ? Le bouffon, qui est danseur, est rejoint par une troupe lourdaude et peu inspirée, qui se tape le cul par terre (littéralement, on l'assure), agite des mouchoirs et tente de donner sens à la chorégraphie d'Andrew George, dépêché là parce qu'il a été décidé, chose a priori heureuse, de ne pas couper la musique de ballet.

Le décor est fait de hauts murs blancs amovibles ; l'un d'eux est percé d'une fenêtre ogivale, l'autre d'une porte. Une chaise esseulée leur fait de l'oeil. On a vu de grands spectacles décorés à moindres frais. Mais ce spectacle-ci n'est pas de ceux-là.

On aurait aimé dire que Dominique Bruguière eût été de taille à sauver cet Ariodante par ses belles lumières comme stupéfiées, aux tons blêmes d'un petit matin nauséeux. Mais c'était compter sans cette chorégraphie catastrophique, ces combinaisons en Lycra, ces couvre-chefs en forme de lustres dont on ne voudrait pas dans notre salon et ces girls chaussées de stilettos de Cesare Paciotti sur lesquels même le mannequin Naomi Campbell, reine du pas en biais, vacillerait.

L'interprétation musicale, elle non plus, ne convainc pas. De la distribution, garnie de quelques stars peu probantes (Vivica Genaux, voix fermée, émission mécanique ; Angelika Kirchschlager en contre-emploi et chantant bas ; Danielle De Niese, belle mais sans vraie présence), on ne retient que Jaël Azzaretti et Topi Lehtipuu, seconds rôles mais frais et vrais. Le chef d'orchestre Christophe Rousset, fin musicien, dirige comme un pianiste accompagnerait à couvercle fermé. Trop réservé, trop subtil pour porter le message, qui l'est beaucoup moins, d'Ariodante.

04 mars 2007

L'émotion


Pourquoi, comment un orchestre peut-il donner autant d'émotion. Délivrer avec autant de force et de précision, toute la beauté, la force de la musique. Ce soir, la Philharmonie de Berlin, dirigée par S. Rattle nous a donné une 2° symphonie de Malher époustouflante. D’une précision millimétrée. Les silences, les pizzicatos, les cuivres, tout concoure à magnifier si tant est que cela soit possible la musique de Malher. Un grand moment de musique qui suit, en ce qui me concerne, d’autres grands moments avec la philharmonie de Berlin: Les symphonies de Brahms (2 & 4) dirigées par HV Karajan, la missa solemnis par N. Harnoncourt. Les symphonies de Beethoven par H. V Karajan dans toutes les versions.
CoolleWE


j'aime ces WE. Ces journées paisibles où il fait doux; doux le temps, doux dedans. Des journées qui s'étirent, ponctuées de bons moments; des moments tout simples.
L. s'est invité samedi à déjeuner, un texto reçu vers 11h sans attendre de réponse!
il a débarqué vers 13h, une roquette, des tomates, de la mortadelle et du jambon d'Italie plein les bras. Il voulait me présenter sa copine italienne. Celle qu'il aime sans bien vraiment le savoir ou le vouloir. Celle qui le rend si beau, si tendre. Comme tu étais beau ce midi! tes yeux brillaient, tu as eu pour moi toute la tendresse que tu rentres habituellement. tendresse, des mots, des regards et des effleurement. Oui, tu voulais savoir si je la trouvais belle. Oui elle l'est, oui vous êtes beau ensemble.
L. je t'aime. Merci de ton amitié.
En fin d'après midi, S. et O. sont passés prendre le thé, nous parler de la maison qu'ils souhaitent acquérir ensemble. Des travaux qu'ils envisagent déjà. Des longues soirées estivales que nous vivrons bientôt; pleines d'amis et de rires.
Week end de midinette, week end juste avant le boulot.



03 mars 2007

brad mehldau " fêtes de la pleine lune " Chatelet
première partie en piano solo. intimiste, quelques fois exceptionnellement inspiré dans ses improvisations. une formation classique qui transparaît souvent. un grand moment de piano. seconde partie, expérimentale, des variations sur un thème de générique d'émission TV des années 70 ; cela avec l'orchestre de l'ile de france. Le piano de Brad, trop habitué à jouer en trio ou en solo avait du mal à se faire entendre devant l'orchestre. heureusement en bis, encore une superbe improvisation, très inspirée. Il nous a servi durant 10mn tout son amour de chopin et autre Schumann.
J'ai hâte de le réecouter en trio.