30 mars 2008

Instantanés

Vêtements tout autour du lit,
Très vite enlevés, arrachés.
Battements des cœurs
Respirations saccadées
La sueur, fine gouttelettes de plaisir
Ecrasées par les mains passionnées
Froissement de draps
Odeurs de toi et de moi
Violemment mêlées
Sécrétions intimes,
Pénétrations linguinales
Pénétrations et cris
Douleurs, plaisirs
L’amour, le sexe,
L’abandon, violent
Deux corps jetés l’un contre l’autre
Puis,
L’un dans l’autre
Fureur(s) Cris,
Sperme, fin

23 mars 2008

Parsifal
Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski, 45 ans, qui monte, à l'Opéra Bastille, Parsifal, le dernier opéra de Richard Wagner, créé en 1882, a réussi, sur la même scène, deux exemplaires lectures d'oeuvres rares : Iphigénie en Taulide, de Glück, en 2006, et L'Affaire Makropoulos, de Janacek, en 2007. On s'attendait à un "jamais deux sans trois". Or ce Parsifal nous semble un ratage.
Warlikowski a trouvé comme équivalent de la "campagne riante" (dixit Wagner) une plate-bande de jardin ouvrier où poussent des légumes qu'arrose un enfant et où, entre poireaux et choux, Kundry râle. Ce potager modeste et régénérateur (qui prend le thème de la rédemption, fondateur chez Wagner, par la racine) est sis dans un univers post-atomique. Pourquoi pas. Mais Warlikowski fait l'erreur, un peu grossière, de projeter juste avant, sur le rideau, le carton liminaire signé Roberto Rossellini pour son film Allemagne année zéro (1948) puis les images finales où l'on voit le petit garçon se donner la mort en sautant dans le vide. Raccorder une fois encore Wagner à l'Allemagne nazie alourdit et banalise le message. Certes Wagner fut antisémite, certes Adolf Hitler chérissait sa musique, mais fallait-il céder à ce raccourci idéologique un peu pesant à force d'avoir été fréquenté ? Ce moment a mis une partie de la salle en fureur : "Manipulation !", a-t-on entendu, mais on relevait surtout des réclamations claires entre les "Chut !" et les huées : "Wagner !" et "Musique !". Une fois le prélude du troisième acte commencé, les clameurs se sont tues. Pour reprendre, aux saluts, en une énorme huée vengeresse adressée au metteur en scène. D'ordinaire, à l'opéra, quelle que soit la mise en scène, on ne s'ennuie pas si la musique est bien traitée. Et elle l'était.
L'excellent chef allemand Hartmut Haenchen est précis, sourcilleux quant aux équilibres (les cuivres sont un tapis soyeux). Il dirige le choeur mieux que ce qu'on a entendu récemment à l'Opéra, il fait de la musique de chambre avec la remarquable interprète de Kundry qu'est Waltraud Meier, ardente, subtile, sachant user des raucités de son aigu difficultueux.
leMONDE --------------------------------------------------------------------------------

22 mars 2008

Laisseraller


Je l'ai déjà dit, j'adore les slips qui ne moulent pas, qui ne serrent pas, ceux qui tout au long d'une journée, vont se lâcher, perdre de leur élasticité. Bref, rester confortables.
En voilà un bon exemple! Un slip acheté via internet, un slip AndrewChristian 100%coton, totalement "détendu" à la fin de la journée.

16 mars 2008


No Country for Old Men

c'est le premier meilleur film de l'année. No Country for Old Men. Réalisé par les frères Coen - Joel et Ethan - d'après le roman de Cormac McCarthy (1). Un polar métaphysique. Un western shakespearien. Un road-movie tragique. Un conte de fées sans fée. Mais avec un ogre. Un vieux shérif fripé. Et un chevalier fatigué d'une vie de rien. Qui pique une mallette de billets à des trafiquants de drogue. Déclenchant l'apocalypse dans un pays qui a perdu son innocence.

Le vieux monde est derrière eux et les frères Coen, collant aux bottes de McCarthy, filment cette Amérique qui a cessé d'être un rêve il y a longtemps pour ressembler, de plus en plus, à un cauchemar. Ce qui est heureux, en revanche, pour leurs collègues cinéastes et pour le cinéphile de base, c'est de retrouver les Coen en grande forme. Car, en vingt ans, ils sont devenus les emblèmes de ce que le cinéma américain produit de meilleur. Un cinéma original, indépendant, ouvert au public mais sans concession à Hollywood. (L'express)

11 mars 2008

Ilsviennentdel'est



Ils ont débarqué depuis longtemps déjà. Il suffit de se promener un dimanche ensoleillé comme aujourd’hui pour s’en apercevoir. Ils se réunissent à certains endroits de Paris, la gare de l’est, la place de la Madeleine. Ils viennent de l’est.
Vous venez de l’est, je vous reconnais facilement avec vos visages comme sculptés à la serpe, votre peau si blanche quelques fois rosie par le froid de l’hiver. Corps maigres, rassemblés près de la gare de l’est ou de la place de la Madeleine, buvant de longues canettes de bière en attendant sans doute le travail pour la journée.
Souvent, je vous écoute, vous observe. Je me laisse happer par la sensualité un peu brute qui se dégage de vos visages si pales, de vos cheveux de paille et de vos yeux couleur de mer. Vous êtes si mecs, si virils, à vous voir tenir une cigarette et la porter à votre bouche, à vous voir là en bande, riant, vous alpaguant les uns et les autres et buvant, buvant des heures durant d’interminables rasades de bière;… et pourtant, pourtant, je voudrais quelques fois partager ces instants avec vous, rire d’improbables blagues rapportées de Moscou ou bien d’ailleurs , vous bousculer en riant, et puis être là, être votre épaule quand l’émotion viendra, quand l’alcool ramènera les flots de souvenirs de la mère patrie. Les paysages enneigés de votre village natal, les visages amis, une copine laissée dont on n’a plus de nouvelles,… Alors, j’empêcherai le froid de ce trottoir, la laideur de cette gare, vous- te gagner. Alors nous serons amis, quelques instants. Comme ce lointain printemps avec Alexander et Victor. Le blond et le brun rencontrés sur les quais de la Neva. Nuits blanches. St Petersburg.
Alexander, Victor, le blond et le brun. C’était il y a longtemps maintenant. C’était du temps d’avant la Russie, du temps des soviets. Quand tout ou presque vous était encore interdit, même si le Pepsi coulait déjà à flots, même si le rideau de fer se fissurait déjà. St Petersburg s’appelait pour quelques mois encore Leningrad. Du temps où il n’y avait rien d’autre faire ces nuits là, ces si longues nuits que de déambuler le long de la Neva. Un lecteur de CD a tue-tête, de la vodka.
Nous nous sommes croisés, moi l’occidental, vous la bande d’amis. Vous fêtiez la fin du lycée, je visitais l’URSS avec ma meilleure copine. Vous écoutiez Madonna. Alexander, le premier m’a alpagué ; il voulait mon polo Lacoste, mes chaussures Nike. J’avais soudain un peu honte, je prenais conscience de n’être qu’une affiche ambulante du monde occidental! je me suis tout d’abord un peu fâché d’autant d’insistance, de ces attouchements sans gêne ! Puis, nous avons très vite sympathisé, la vodka aidant, nous avons dansé, longuement sous cette lumière blafarde, magique des nuits blanches de la baltique.
Alexander, j’ai aimé tout de suite ta longue et mince dégaine, tes yeux grands bleus qui me regardaient, me regardaient… tes mains qui me touchaient, me tripotaient sans cesse. Tu t’amusais de mon trouble ; tu en abusais. Victor, tu étais plus réservé, plus sombre. Si brun, si blanc de peau. Des yeux si bleus. Tu venais de Géorgie.
Je ne me souviens que de vos regards qui valsaient autour de moi, du frôlement de nos corps, de vos mains sur mes bras, autour de mes hanches, autour de mon cou. Je ne sais pas de quoi nous pouvions bien parler. Mon anglais était moyen, le vôtre …
Je ne parlais pas le russe et votre français était à peine scolaire. Mais je me souviens que nous avons beaucoup ri, que nous avions envie de nous revoir. Si Isa n’avait pas été là, je crois que nous aurions fini la nuit ensemble tous les trois.
Nous nous sommes donné rendez-vous pour le lendemain à la porte de mon Hôtel ; l’affreux hôtel Leningrad. Charme stalinien moderne, juste en face du croiseur Aurore.
J’attendais, je vous attendais tous les deux, et Alexander n’est pas venu. Comment vous êtes-vous décidés, à la courte paille ? Tu t’es approché de moi, un sourire malicieux au coin des lèvres. Tu m’as pris la main – come !-
Nous avons marché, marché toute la journée dans cette ville de Leningrad. Tu parlais, tu n’arrêtais pas de parler ! Tu me saoulais d’explications en russe, en anglais ! Je n’y comprenais rien ; je m’en foutais, j’étais bien. Tu me tenais la main tout le temps. Quelques fois tu me prenais par le cou. C’était normal. En URSS, c’était normal. Touchant d’ailleurs, de voir ainsi tous ces soldats se tenir affectueusement par la main dans la rue.
La perspective, Nevsky, les « Champs Elysées » de Leningrad. Déjà des marques étrangères, déjà le luxe occidental étalé le long de ces larges trottoirs. Tu m’as emmené chez « je ne sais plus », en tous cas selon tes dires le plus grand, le meilleur glacier de toutes les russies et à voir la queue devant la porte, on pouvait tout à fait le croire. Avec ton plus grand sourire, toujours en me tirant pas la main, nous avons allègrement doublé tout le monde ! bien entendu tu connaissais la serveuse et bien entendu, elle nous a trouvé une table. Tu as commandé du « champagne », du champagne de chez toi – la Géorgie- nous l’avons bu en dégustant de grandes glaces pleines de crème chantilly. Nous avons bu toute la bouteille de cette infâme boisson trop sucrée. Tu faisais de grands gestes, de plus en plus amples tandis que la bouteille se vidait. Tu me parlais du service militaire, de la caserne que tu devais rejoindre dans quelques jours, de tes craintes à l’idée de cet enfermement, de cette longue parenthèse forcée ; deux ans je crois. Puis, tu as laissé quelques billets sur la table, tu m’as pris par la main. Tu ne parlais plus. Nous avons pris un bus bondé, marché longuement dans un quartier désert, le long d’une rue sans voitures ou presque, de cages d’escaliers n’ayant pas vu de pot de peinture depuis trop longtemps.
Enfin, un escalier monté quatre à quatre, une clef tournée, un appartement dans une triste pénombre, une odeur de choux, partout.
Tu as fermé la porte, tu t’es approché de moi et doucement, tendrement, désespérément ( ?) m’a enlacé ; fort, très fort. Que faire, que dire, rien. Juste passer mes bras autour de ta taille ; fort, très fort et laisser passer l’orage qui grondait en toi. Le temps à passé, ta colère s’est apaisée, tu t’es écarté de moi, tu as enlevé ton polo, découvrant ton torse bien charpenté. De nouveau ta main qui prend la mienne, qui me conduit vers ce qui devait être ton lit, un petit lit dans une chambre pleine de lits défaits, de vêtements éparpillés. Une chambre de garçons, déjà une chambrée. Tu as commencé à me dévêtir, comme pour m’encourager. Puis bien sûr, c’est venu. J’ai aimé très vite ton corps puissant, tes fesses charnues et si poilues, ta queue courte, large et massive. Nus, debout, nos bites dressées dans ce capharnaüm indescriptible, nous sommes partis à la découverte de nous, dans une longue étreinte, danse sans musique, simplement rythmée par nos soupirs, nos bruits de caresses et de succion. Tes mains caressant mes fesses, mes mains passionnées malaxant tes cuisses musclées, puis ta queue, puis tes merveilleuses et longues couilles que je m’amusais à découvrir après t’avoir retourné, tandis que mes mains t’écartaient les fesses, tandis que ma langue explorait ton entrejambe.
Puis, toi en moi, un peu sauvagement, un peu brusquement. Je me souviens de la douleur, des premiers regrets du début car tu n’en faisais pas cas. Le bruit de ton crachat sur ta main. Puis, toi en moi, a ta manière, par à coups, violents, espacés. La journée défilait dans ma tête, l’odeur de choux, les vêtements sales, les vitres sales. Tu as compris. Doucement tu t’es retiré, la tendresse est revenue, les caresses. La sueur des corps, l’abandon. Alors, tu m’as fait comprendre que tu voulais bien de moi, tu voulais, désirais ( ?) ma longue et épaisse queue en toi. Etait-ce la première fois, étais-je le premier. Je ne t’ai pas posé la question, peu importait. Tu as aimé, c’est l’essentiel, tu as souhaité après avoir joui en toi, que nous restions comme cela, longtemps, moi en toi. Le temps que tu jouisses, le temps que tu t’apaises. Nous avons pris une douche brulante, Quand nous sommes revenus dans la pièce, Alexander était là, avec deux autres copains. Sourires, complicité. Nous nous sommes rhabillés sous les gloussements amusés des copains d’Alex. Bonheur.
Nous avons passé, tous ensemble, une nouvelle nuit, le long de la Neva. Madonna avec nous, la vodka aussi.
Le dernier soir. Nous deux dans cet appartement sordide, seuls. Je suppose que tu avait passé le mot. Nous avons baisé bien sûr. Maintenant que je m’étais habituée à ta queue, maintenant que tu savais comment m’aborder, il nous fallait nous quitter. Pour toujours. Etais-ce de l’amour ? Non, juste deux êtres qui se sont croisés au bon moment, c’est tout. Nous avons bu, trop, toute la nuit. Avant de nous séparer, je t’ai remis bêtement, maladroitement, un sac en plastique, dans lequel j’avais glissé mon Levi’s, celui que j’ai porté durant nos jours. Tu m’as donné une ceinture de l’armée rouge. Je l’ai encore. Enfin, au petit matin, tu m’as accompagné jusqu’à la porte de mon hôtel. Ce matin là encode plus moche, encore plus lugubre que d’habitude. Quelques instants encore. Ta main est venue une dernière fois prendre la mienne. Un dernier baiser sans honte devant le garde de l’hôtel. Comme une ultime bravade. Puis, un sourire forcé, tu t’éloignes, tu te retournes, une main se lève. Un adieu. C’est fini. Il ne reste qu’un puissant mal de crâne. Déjà il faut préparer les bagages. Ce soir, je dormirai à Paris.

10 mars 2008

A LOVE supreme

juste une histoire d'amour. Un amour total, comme on n'en voit que dans les films. Une histoire d'amour qui finit mal, comme trop souvent


08 mars 2008

Brad Mehldau Trio (Salle Pleyel - 7 Mars 2008)

"Les trois comparses arrivent sur scène avec un bon quart d'heure de retard, et presque tout de suite surgit un solo de contrebasse. Durant la première demi-heure, c'est Larry Grenadier qui m'impressionne : lyrique, rapide, souple, généreux, ses solos sont nombreux et magnifiques. Brad Mehldau me donne le sentiment de forcer son jeu, de chercher les notes, de compliquer les accords et les mélodies de manière trop volontariste pour sonner naturel. L'éclaircie intervient soudain dans une improvisation fuguée, où les lignes superposées coulent limpides et lumineuses, et où s'épanouit la poésie dans le jeu et les couleurs, puis dans un morceau plus bossa, d'une belle nostalgie. Mais cela ne dure guère. Une reprise de Costello, ballade sobre et finement émouvante, s'orne d'une coda en forme de gâchis, solo empesé de romantisme grandiloquent, avec balayages de clavier et pédale d'échos. Autre problème, les morceaux sont souvent trop longs, et finissent par prendre le goût d'un chewing-gum trop mâché. Pendant ce temps, le batteur Jeff Ballard remplit tranquillement son office, mais semble encore un peu à l'écart, ne participe que peu au dialogue du trio. Au total, une soirée grisâtre, mais éclairée par quelques moments superbes."

03 mars 2008


Un Verdi pour l'oreille - Luisa Miller 3/03/08

Platitude scénique et dramaturgie de convention caractérisent la nouvelle production du Luisa Miller de Verdi à l'Opéra de Paris, vingt-cinq ans après celle de 1983 au Palais-Granier. Sans être un chef-d'oeuvre, le 14e opéra d'un Verdi (1813-1901) de 36 ans rompt avec l'archétype patriotique des "années de galère" et inaugure l'ère du drame bourgeois qui mènera à La Traviata.

Dans une illustration romantico-bucolique, le metteur en scène belge Gilbert Deflo oppose l'univers féodal du sombre et inique comte Walter au clair monde paysan des Miller. Fausse simplicité, naïveté niaise, la direction d'acteur incline le plus souvent au sourire, un sentiment au fond peu compatible avec le drame tiré de la pièce Kabale und Liebe ("Intrigue et Amour"), de Schiller. Il faut attendre le dernier acte et la mort annoncée des amants (Luisa, la fille du paysan Miller, et Rodolfo, fils du comte de Walter) pour que se noue le drame.
Reste que la partie musicale ne démérite pas. La soprano américaine Ana Maria Martinez, timbre exquis et délicatesse, est bien l'"ingénue aux qualités très dramatiques" que stipulait Verdi. Quant au ténor mexicain Ramon Vargas, il a cette noblesse du chant qui fait passer au second plan une apparence scénique caricaturalement costumée. Dotée d'une vraie tessiture de contralto, l'Espagnole Maria José Montiel en impose par sa sensualité et la beauté de son timbre. Sous la direction ductile et élégante de l'Italien Massimo Zanetti, pour la première fois dans la fosse parisienne, l'Orchestre (et les Choeurs) ont donné vie, profondeur et sens à une oeuvre qui traite avant tout de l'amour filial.

Pour ma part, j'ai bien aimé! ok l'intrigue est plutôt faible et il n'y à pas vraiment de "beaux airs", mais la scénographie et les décors genre "La mélodie du bonheur" m'ont quand même reposé de toutes ces mises en scènes en costumes de réfugié sur les routes de l'exode dans la pénombre.