06 décembre 2006

DERROSENKAVALIER
OPERA BASTILLE
Dans la fosse, Philippe Jordan, chef encore jeune mais déjà prometteur. Doué comme ce n'est pas permis, il aborde sabre au clair un Orchestre de l'Opéra virtuose et brillant. Mais il faut bien reconnaître qu'il en fait trop. D'abord par sa gestuelle très étudiée : est-il indispensable de prendre des poses de toréador, de champion de golf ou de danseur mondain pour bien diriger ? Ensuite par le volontarisme systématique de ses choix de tempo ou de phrasé, plus pensés que naturels, avec un petit côté ostentatoire assez éloigné de l'esprit viennois. Enfin, le plaisir grisant de faire sonner l'orchestration luxuriante lui fait oublier qu'il s'agit d'une pièce de conversation : on croit entendre Elektra, les voix sont noyées.

Il faut dire que les spectateurs de la deuxième représentation ont joué de malchance, les interprètes de la maréchale et d'Octavian étant souffrantes. Les remplaçantes ont fait ce qu'elles pouvaient, mais on s'est retrouvé avec un plateau de voix minuscules, ce à quoi le chef ne s'est pas adapté : le chevalier d'Anke Vondung serait parfait dans un théâtre de 800 places, ici elle ne passe pas la rampe (vivement le retour de la Kasarova !), la maréchale de Solveig Kringelborn arrive à émouvoir dans ses deux monologues, mais renonce à se faire entendre ailleurs, la voix de soubrette de Heidi Grant Murphy sonne comme un grelot acide. Les comparses sont excellents, notamment Olaf Bär, Helene Schneidermann, Michèle Lagrange et le ténor Tomislav Muzek. Mais, une fois de plus, on se souviendra du baron Ochs absolument complet de Franz Hawlata, nous rappelant qu'avant d'opter pour le titre définitif, Strauss et Hofmannsthal avaient envisagé d'intituler leur opéra Ochs.

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