22 janvier 2007

léo ferré / la mémoire et la mer



La marée, je l'ai dans le coeur qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite soeur, de mon enfance et de mon cygne

Un bateau, ça dépend comment on l'arrime au port de justesse

Il pleure de mon firmament des années lumières et j'en laisse

Je suis le fantôme jersey celui qui vient les soirs de frime

Te lancer la brume en baiser et te ramasser dans ses rimes

Comme le trémail de juillet où luisait le loup solitaire

Celui que je voyais briller aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer que nous libérions sur parole

Et qui gueule dans le désert des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là avec ses poumons de flanelle

Quand il pleure de ces temps là le froid tout gris qui nous appelle

Je me souviens des soirs là-bas et des sprints gagnés sur l'écume

Cette bave des chevaux ras au raz des rocs qui se consument
O l'ange des plaisirs perdus ô rumeurs d'une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus qu'un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords reviens violon des violonades

Dans le port fanfarent les cors pour le retour des camarades
O parfum rare des salants dans le poivre feu des gerçures

Quand j'allais, géométrisant, mon âme au creux de ta blessure

Dans le désordre de ton cul poissé dans des draps d'aube fine J
e voyais un vitrail de plus, et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurant sous les sunlights cassés liquides

Jouent de la castagnette tans qu'on dirait l'Espagne livide

Dieux de granits, ayez pitié de leur vocation de parure
Quand le couteau vient s'imiscer dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu'on pressent quand on pressent l'entrevoyure
Entre les persiennes du sang et que les globules figurent
Une mathématique bleue, sur cette mer jamais étale

D'où me remonte peu à peu cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là sous l'arc copain où je m'aveugle

Ces mains qui me font du fla-fla ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps comme un mendiant sous l'anathème

Comme l'ombre qui perd son temps à dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux s'en vient battre comme une porte

Cette rumeur qui va debout dans la rue, aux musiques mortes
C'est fini, la mer, c'est fini sur la plage, le sable bêle

Comme des moutons d'infini quand la mer bergère m'appelle...

1 commentaire:

  1. Anonyme1:18 PM

    Salut!

    Cela fait peu de temps que je lis ton blog, d'Italie, où j'habite depuis maintenant presque 7 ans.
    Aujourd'hui, j'y ai trouvé cette chanson de Ferré que je ne connaissais pas... Que d'émotions... la chair de poule...
    Déjà tes textes toujours très beaux me touchent profondément, et aujourd'hui tu m'as donné également un grand moment de poésie.
    Merci du fond du coeur.
    Ivan

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