27 octobre 2005


FilmduSoiR
Hitler, connais pas. Les impressionnistes non plus. Et alors ? Il y a des dicos pour ça. En revanche, Loïc est le spécialiste des recettes pour sauter des repas : aspirine plus Maalox, il n'y a que ça de vrai. Le jour, il travaille, à la chaîne, dans une chocolaterie (normal, on est en Suisse). La nuit, il se fait des mecs, rencontrés sur Internet. A la chaîne, ou presque. Parce que le sentiment, la tendresse, pour lui, c'est du temps perdu. Serait-il stupide, Loïc ? Non, puisqu'il rêve d'autre chose. Partir ailleurs. Devenir quelqu'un. Ses rêves, comme ses partouzes, il les raconte à Marie (Natacha Koutchoumov, formidable en maman-nounou attendrie et exaspérée). Jusqu'au jour où il se prend de passion (platonique) pour un joueur de foot local qu'il voit aussitôt comme Zidane... C'est une fiction, évidemment, mais que Lionel Baier filme presque comme un documentaire. Questions posées au héros qui répond face à la caméra. Plans qui le suivent dans sa vie quotidienne, presque volés, comme dans un reportage. Et, aussi, l'enregistrement quasi clinique de ses rencontres sexuelles. Boulot, orgasmes et rêves sont ainsi mis sur le même plan, avec une crudité curieusement dénuée de complaisance. Pour aboutir, en définitive, à une sorte d'initiation, dérisoire et touchante, évoquant les romans d'apprentissage de jadis. On a droit, de temps à autre, à quelques afféteries (la toute, toute fin très (trop) « chabadabada »). Mais le regard de Lionel Baier, et c'est beaucoup, reste constamment droit et juste sur les gens et le monde.

1 commentaire:

  1. Je l'ai bien aimé ce film. Le héros a un je-ne-sais-quoi très attachant...

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