14 octobre 2005

instantsd'Hervé

J’ai compris pourquoi j’ai acheté deux photos d’Hervé Guibert. Pourquoi, ce matin là, comme fiévreusement. Je me suis rendu expressément à la galerie d’Agathe Gaillard et pourquoi, lorsque j’ai poussé la porte, je savais que j’allais, qu’il me fallait acquérir un peu d’Hervé.
Hervé, c’est ce bouillonnement intérieur, cette soif de découverte, du border line.
Le goût pointilliste du corps des autres, cette sublimation presque anatomique du corps dans toutes ses expressions : membres tendus, effluves intimes, poils, transparences de la peau, cicatrices ; marques du temps.
La mort aussi, qui le hante, très tôt, comme si, avant même que la maladie ne se soit déclarée, elle se cachait, tapie au plus profond de son âme.
Hervé, est un des miens, ma bande, ma tribu. Si je l’avais connu, nous aurions, tels deux adolescents, entaillé nos poignets et mélangé nos flux pour sceller à jamais notre intime fusion.
Ses photos, figent ses amis, ses amours ses instants.
Intimité claire obscure d’une chambre à Sienne, volets tirés, un lit défait, un corps au milieu des draps. Toute l’intensité de cet instant que l’on pressent (voudrait) être celui juste après la séparation des corps, fait de moi, un voyeur, un voyeur terriblement jaloux de ne pas avoir partagé la moiteur de cet après midi d’été toscan.
Finalement, la possession de cet instant, accentue, la frustration de ne pas l’avoir partagé.

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