08 octobre 2005


Y. me hante encore 2.

Nous étions inséparables. Des journées et des nuits de glande à refaire le monde ; des heures aux terrasses des cafés, dans des appartements enfumés des bas quartiers. Lou Reed à fond sur la platine, des joints qui tournent et nous, faisant et refaisant le monde en attendant la nuit, puis l’heure d’ouverture des boîtes, puis le petit matin. Et puis l’héro entra dans notre vie. La première fois, c’était par curiosité : “I’m waiting for my man, 26$ in my hand .....“. La petite cuillère que l’on tord, la poudre brune, la petite seringue que l’on remplit en prenant bien garde de ne laisser aucune place à l’air. On tapote, pour faire partir les dernières bulles, et, le garrot serré, on s’apprête à injecter le produit dans sa veine.

I don’t know just where I’m going
But I’m goin’ to try for the kingdom
if I can’cause it makes me feel like I’m a man
When I put a spike into my vein
Then I tell you things aren’t quite the same
When I’m rushing on my run
And I feel just like jesus’ son
And I guess I just don’t know
And I guess that I just don’t knowI have made very big decision
I’m goin’ to try to nullify my life’cause when the blood begins to flow
When it shoots up the dropper’s neck
When I’m closing in on death......”
Cette première fois, nous nous sommes aidés mutuellement à nous piquer. Cette première fois seulement car il y en eu plein d’autres. De l’héroïne, de la morphine, du palfium, tout ce qui permettait de planer ensemble.
La nuit, bourrés d’alcool et d’amphétamines, nous allions danser toute la nuit dans les boîtes punk de la costa brava, moins chères, plus chaudes, plus déglinguées que les nôtres. Au petit matin, on s’endormait ensemble, souvent même pas déshabillés.
Je l’aimais, lui disait. Lui, le regard, toujours au loin, ne disait rien ; jamais, jamais, il n’a prononcé ces paroles toujours attendues.
La drogue peu à peu nous gagnait. Il fallait toujours plus d’argent, cela devenait une obsession. Les docks. Nous avons planté la tente à Collioure, et, avec sa Moto-Guzzi California, nous allions tous les matins aux aurores, attendre des vacations sur le port de Port Vendres pour décharger des bateaux de marchandises. Des sacs et des sacs de produits chimiques, de patates, de ciment. Le soir, extenués, nous retournions au camping, nous défoncer tristement. Un soir, après avoir obtenu nos doses avec beaucoup de difficultés, nous nous sommes une nouvelle fois shootés. C’était de la merde, nous étions à bout de nerfs ; cette vie merdique nous pesait. La gloire était loin, on ne voyait plus personne, dux débrits, sous une tente minable, dans un camping en automne ; pour quoi faire ? Alors nous nous sommes violemment disputés, battu. Epuisés, dégouttés de voir enfin, où nous étions rendus, nous nous sommes enlacés en larmes nous promettant de ne plus toucher à cette saloperie, cette merde qui nous séparait.
Nous sommes lentement revenus à la vie. Seul ce virus en nous, ce virus qui nous marque et nous lie à jamais, nous rappelle ce que nous fûmes.

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