19 mars 2006

L. va mal


Hier après-midi, le téléphone a sonné. C’était L. je n’ai pas eu le temps de décrocher. Le message laissé sur le répondeur était bref et d’une voix glaçante. Soit il me faisait une blague soit quelque chose n’allait pas.
Il m’a dit ne plus manger depuis 3 jours. Trois jours sans pouvoir avaler quoi que ce soit à part un yaourt et trop de café. Trop de cigarettes aussi.
Il ne voulait pas parler au téléphone et était disposé à tout me raconter de vive voix. En l’attendant j’ai appelé sa sœur pour savoir si elle en savait un peu plus. J’étais inquiet et furieux envers moi. L. est mon AMI, mon frère. On se voit tous les jours ou presque, je le regarde vivre et évoluer comme un grand frère regarde sans doute évoluer son cadet. Je le regarde et je n’ai rien vu venir.
L. depuis qu’il s’est séparé de sa femme, vit seul avec son fils une semaine sur deux. Je trouvais que depuis cette séparation, il allait mieux, s’occupait vraiment de son fils. Qu’il était plus proche de moi aussi ; mais aussi des autres, plus épanoui quoi.
Il me raconte régulièrement ses histoires de cul (et moi les miennes), notre intimité est forte et j’aime ça. Et voilà que je ne l’ai pas vu déraper.
L. a un grand problème, il ne sait pas aimer. L. a un autre grand problème, c’est un charmeur et les filles qu’il attire veulent très vite s’embarquer dans de longues histoires, se voient déjà en couple à s’occuper du gamin et à en espérer d’autres. Lui veut vivre sa vie sans se poser trop de questions. L. est persuadé qu’il ne fait de mal à personne quand il veut faire plaisir à toutes ces filles à qui il dit oui ou plutôt jamais non et qui de fait se montent le bourrichon en croyant avoir trouvé le beau brun ténébreux aux yeux bleus qu’elles pourront protéger du monde extérieur. Elles deviennent très vite mamans sans être longtemps passé par la case amante.
Alors, elles hurlent, le menacent. Elles supplient, l’inondent de SMS et de mails. Elles souffrent, le quittent, reviennent. Lui ne sait pas ce qu’il veut, ne sait plus. Il voudrait bien rentrer sans sa tanière et ne plus en bouger. Fuir.
Moi, j’ai encaissé toute la nuit son mal être. Il a dormi à la maison, tout contre moi. Dès le matin, son téléphone a commencé à sonner : que dois-je dire, que faire ? Répondre, laisser sonner. J’avais envie qu’il s’en aille, qu’il foute le camp avec ses problèmes. J’avais envie de lui dire que c’est pas si dur de savoir si on aime ou pas. Envie de lui dire que, déjà quand on aime on a envie d’^être avec l’autre car on est bien. Envie de lui dire que son problème de choix est un non problème, un problème d’égoïsme et d’amour propre. Car dans la plupart des cas il suffit de se demander si on est capable de donner à l’autre ce qu’il attend. Je lui ai dit tout ça et puis je lui ai demandé de partir. Lessivé, épuisé d’avoir épongé toute une nuit son mal de vivre. Cet après-midi j’ai dormi, l’estomac noué.

1 commentaire:

  1. Anonyme4:06 PM

    Souvent entre deux rêveries je songe à ces quelque potes de jadis, de ces hétéros dont on dit un peu connement "Non, il ne va pas s'embarquer avec cette gourde presque moche, pas lui !"
    Mais ça arrive, et plus le temps passe et plus je comprends que ça arrive, que ce serait un signe d'idiotie que de se croire commentateur d'une destinée.

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