21 mai 2006

Désordre




Et puis autre chose encore:
Ecoute moi, finalement ce n'est pas vers celui qui aime que l'on doit porter ses regards; ce n'est pas lui qu'il convient de plaindre. Sa douleur le fait vivre.
J’ai vécu, je vis à chaque instant de ma douleur. C'est au moins quelque chose qui m'appartient. Quelque chose que tu ne m'as pas donné mais que je t'ai pris, arraché de ta vie, l'emportant pour qu'elle nourrisse la mienne. Possession clandestine dont tu ne peux imaginer que j'y contemple de jours en nuits et d'heures en heures, le reflet de toi-même. Mon reflet de toi-même. Le mien, celui que je ne partagerai jamais avec quiconque. Celui dont tu ne sauras rien. Comment pourrais-tu le comprendre? Je t'ai démuni de mon chagrin.

Un jour, bien sûr, cette passion que je t'imposais, je viendrai te la reprendre.
J’aimerai quelqu'un d'autre. Plusieurs autres peut-être. La vie est parfois si longue.
Identique à toi-même, je te verrai tout autre. Alors que tu m'aimais sans doute aussi à ta manière, je ne te verrai plus nulle part. Et tandis que je m'éloignerai, sans l'espoir d'un retour, je te volerai une seconde fois encore. Je t'enlèverai jusqu'à l'idée que tu gardais de moi.
Et si par hasard on se rencontre un jour, plus tard, j'aurai avec moi toutes ces images de notre jeunesse et je me refuserai à te les rendre, à toi qui auras tant vieilli et qui s'interrogera encore.
Regarde-moi: je te rends à l'innocence. Apprends son autre nom: la solitude.
F.M.

3 commentaires:

  1. Quelle perle ce blog. Tout est beau ici, même les moments tristes.

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  2. Anonyme12:32 AM

    je te lis et je ne commente pas...pas ce soir

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  3. Anonyme11:27 PM

    Comme dans Magnolia, le film, lorsque le père sur son lit de mort soupire qu'elle looooongue la vie... Souvent cette phrase me revient.

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