13 mai 2006

trois mots



Trois mots ont suffit, trop souvent répétés pour ne pas être sincères. Trois mots ont suffit qui m’ont profondément blessé. C’est le ventre serré, la tête pleine de ressentiment que je t’écris.
Tu as fermé la seule porte que tu avais bien voulu ouvrir pour moi, celle par laquelle j’avais quand même l’impression d’être utile, d’être un ami. Souvent longtemps, j’ai pansé tes plaies, écouté longuement tes interrogations, tes atermoiements, tes doutes. Entendu aussi, les ravages de ta difficulté de donner, de te donner, sur les autres, toutes ces femmes souffrant de toi. J’aurais pu maintes fois te rejeter, te désavouer. Te demander, souvent, de ne pas parler d’elles sur ce ton, de ne pas les décrire, décrire quelques fois leurs souffrance avec un tel détachement, une telle cruauté. Un matin, chez moi, après une longue nuit de discussion, tu t’en souviens ? Ton attitude m’a tellement fait souffrir que je t’en ai voulu; je suis resté l’ami; néanmoins.
J’aurais pu donc, me dire que celui que j’avais devant moi, celui dont je voulais être l’ami, n’était qu’un monstre d’égoïsme. J’aurais pu m’associer à beaucoup de ces histoires douloureuses, car, finalement, je ne vivais pas autre chose, qu’une amitié voulue, entretenue, animée par moi, sans jamais vraiment beaucoup de retours. Mais je t’écoutais, essayant durant ces longues soirées de te donner ce dont tu avais besoin : une écoute à défaut de conseils, la possibilité de parler, d’exprimer tes doutes à quelqu’un de suffisamment aimant pour ne pas juger, quelqu’un qui malgré tout serait toujours derrière toi, te soutiendrait.
Voilà ce que j’étais, en plus de tout le reste, car ne l’oublions pas trop vite, ayant été quand même un des rares, depuis toujours à croire en toi ; pour t’aider à avancer, te soutenir dans chacun de tes moments de faiblesses et Dieu sait s’il y en eut.

Les amis, les vrais se doivent d’être toujours présents, de dire la vérité toujours et quelle qu’elle soit ; c’est pour cela qu’ils nous sont indispensable pour avancer.
Je n’ai pas voulu autre chose.
Maintenant et sans vouloir paraphraser Frederic Mitterand. Il nous faut savoir, à chaque circonstance de la vie ce que l’on perd et ce que l’on gagne. Tu ne le sais sans doute pas ou pas encore ; tu ne t’en soucie d’ailleurs sans doute pas non plus, mais tu perds ainsi le meilleur ami que tu n’auras jamais, pardon pour cette mise en avant personnelle, mais je peux le dire sans craindre d’être démenti car je me mesure non seulement à mes actions passées mais à ce que je me sentais prêt à faire pour toi ; toi, celui que je considère, que j’aime, comme un frère, le frère que je n’ai pas eu.
Et, moi ? Moi, je perds mes illusions, mes chimères. L’illusion d’être ton ami, la chimère d’avoir cru avoir un frère. Maintenant, oui, il me reste une grande douleur, un grand vide. Mais j’apprendrais à oublier, j’aurais d’autres amis, car ainsi je suis fait ;
Toi ? toi tu resteras, même si j’espère de tout cœur pour toi le contraire, tu resteras avec ta difficulté d’aimer. C’est finalement très court.

2 commentaires:

  1. Anonyme7:57 PM

    quelle belle lettre ! ....d'un vrai ami, du meilleur ami!..qu'elle perte pour lui et pour toi....tu écris si bien de si nobles sentiments.

    Tu es un ami de grande valeur c'est sûr, de grande qualité..un frére inavoué.

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  2. Anonyme11:24 PM

    ton texte est vraimment magnifique! malheureusement je me reconnais dans se que tu ressent dans tes blessures... moi oci j'ai perdu plus qu'un frere... j'ai perdu le bonheur.

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