15 décembre 2006

Lucky strike

Je ne sais plus, depuis bien longtemps, ce que c’est que de fumer une cigarette.
J’ai oublié le goût acre de ma première cigarette du matin, allumée à peine levé, celle que l’on sent se propager dans tout le corps, comme une décharge douloureuse tout
au long de la colonne et qui vous donne la chair de poule. Les matins blafards où l’on s’assoit au bord du lit, encore à moitié endormi, sans force pour affronter cette nouvelle journée qui commence, qui doit nécessairement commencer. Machinalement la main se tend vers la table de nuit, récupère le paquet de Pall Mall sans filtre, le briquet. On avale la première bouffée qui nous brûle la gorge puis on se traîne en titubant vers les toilettes le clope au bec, la fumée dans les yeux, en se grattant les couilles ou les cheveux. Avant d’arriver au bureau, j’en avais déjà fumé 4.
Et puis, aussi, celles après le café, celles pour se donner de la contenance accoudé au comptoir d’un bar de mecs, celles après l’amour pour se donner une contenance avant de rencontrer le regard de l’autre « quoi faire maintenant ? » « A t’il aimé ? » « Nous reverrons-nous ». Je ne fume plus depuis si longtemps. Mais ce moi déjà lointain, ce moi avec une Pall Mall au bec, je l’aime encore.

1 commentaire:

  1. Anonyme11:07 AM

    Avant d'arriver à la pointeuse, j'en ai grillées bien plus de 4...
    Je ne parviens pas encore à m'imaginer exister naturellement sans cette canne de dix centimètres.
    Petite canne pour une petite vie, sans-doute.

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