29 juin 2022

L'attente


Tu m'attends, je le sais tu m'attends. Tu me regardes intensément. Malgré la pénombre qui règne dans la pièce, je le sais, tes yeux rivés sur moi étincellent.

Tout à l'heure, alors que nous dinions avec R. & M. sur les bords du canal, là bas à Stalingrad, déjà tes yeux me vrillaient le corps tandis que tes pieds se frottaient aux mieux sous la table. Bien sûr R &M n'ont pu être dupes de notre jeu. Ma, notre conversation était comme chaotique, nous écoutions à peine, nous contentant de donner le minimum légal. Heureusement la pluie que dis-je cet énorme orage qui s'est abattu soudain sur Paris, ces trombes d'eau et ces bourrasques qui ont subitement soulevé les table et trempé les convives attablés comme nous à la terrasse de ce café MK2, nous a permis de faire diversion. Nous sommes rentrés. R. m'a raccompagné chez moi. A peine arrivé devant ma porte, un SMS me réclamait : « viens maintenant 45B12», le code de ta porte !

Je n'ai pas réfléchi, je n'ai même pas pris le temps de prendre un k-way ou autre chose pour me protéger de cette pluie battante, j'ai traversé la place Clichy, à peine arrivé au Wepler, j'étais entièrement trempé, les Batignolles puis les rails qui mènent vers le pont Cardinet, puis enfin ta porte entrouverte, la pénombre de ta chambre, le bruit des gouttes de pluie dégoulinant de mes cheveux, de mes vêtements sur ton parquet. Tes yeux juste une lueur, du désir, du désir pur magnifié par ce qui ne trompe jamais chez un homme, à peine éclairé par la lueur de la rue, ton corps, et sous le tissu tendu de ton boxer, la preuve éclatante de ton attente.

J'ai envoyé valser mes fringues, trempé, frigorifié, je suis venu me blottir, me réchauffer dans tes bras, prendre ce que tu voulais me donner et t'offrir ce que tu attendais. Je t'ai enlevé ce dernier rempart de tissu qui couvrait ta queue. Cette queue que je reconnaîtrais entre mille ; massive, charnue. Cette queue qui me va si bien, si bien à ma main, ma bouche, mon cul.


Longuement, nous avons continué le ballet de l'amour, laissé nos corps se découvrir une fois de plus. Longuement, j'ai exploré chaque parcelle de ton ventre : sa peau si douce, si blanche sous la lumière du lampadaire de la rue. Longuement je me suis perdu de bonheur en caressant des doigts et des lèvres tes fesses charnues et tellement poilues, longtemps j'ai aimé ton cul d'une langue vigoureuse.

Tu avais ce que tu voulais, après m'avoir fait traversé Paris sous l'orage, tu m'étourdissais de plaisir, tu m'accompagnais dans l'abandon, dans le délire de l'amour. Tandis que je m'affairais, le visage tout entier collé à ton cul, tes mains me lacéraient le dos et les fesses.

Et puis je t'ai voulu en moi, j'ai voulu te sentir au plus profond de moi, en communion, un. Je me suis assis sur ta queue, je tai laissé pénétrer en moi, sans te quitter des yeux. C'est un des moments que j'aime le plus, celui ou l'autre prend conscience du don, de l'abandon, de l'unicité de cette communion. J'ai tout fait, je t'ai laissé entièrement à ton plaisir montant ; sans te quitter des yeux, attendant cet instant si court, si intense de la jouissance, ou la gratitude souvent se lit dans le regard.

Tu es venu, de longs gémissements de retenue, puis un râle, long, profond et tes yeux qui m'auraient tout donné à cet instant. Quelques instants m'ont suffit pour que je te rejoigne dans un long spasme, un long jet de semence est venu claquer ton visage. Je me suis écroulé sur toi, je t'ai léché, nous avons ri, comme à chaque fois, nous avons ri.

Je n'ai pas voulu ce soir là rester. J'avais envie de retourner chez moi à pied, humer l'air frais de la nuit, croiser quelques passants, leur montrer mon bonheur, ma paix. J'ai enfilé mes fringues encore trempées. Tu dormais déjà.




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