01 mars 2010

Les villes d’immense solitude



J’ai deux vies. Peu à peu, je m’y suis habitué. Je ne dis pas que cela me convient, non ; mais c’est ma vie, mes deux vies. Paris, mon mec, mes habitudes, mes amis. Mes rues familières aussi et ma boulangère si aimable et ma charcutière ronchon. Mes dimanches matin sous la couette, notre complicité si évidente, si ancrée maintenant. Et puis, les voyages, les avions, les trains, les hôtels surplombant de grandes villes étrangères, l’inconnu, la grande solitude m’envahit ;
Couloirs d’aéroport, visages fatigués escalators
Noyés sous des néons tremblotants.
Portes vitrées qui s’ouvrent sur un monde nouveau.
Pancartes, sourires, embrassades, retrouvailles du bout du monde.
Personne ne m’attend sauf le froid de la nuit, et peut-être la file des taxis.
La ville est là, elle défile sous mes yeux ; Trottoirs humides, enseignes multicolores
Sirènes, odeurs de frites, hamburger ou kebab selon les cas.
Et ses passants qui tous vont quelque part, quelque part où on les attend sûrement
La liberté est là, grisante. Celle de laisser ses oripeaux familiers, celle de s’enfoncer dans la nuit, dans l’inconnu,
Parcourir les rues, les ruelles, se perdre,
Celle d’être un autre, de regarder l’Autre avec un nouveau regard, un regard de son autre Soi
Inconnu parmi les inconnus ; disponible, ouvert ; Jekill & Hyde.
La liberté de te parler, de partager quelques instants de ta vie. Toi qui attends là bas sur le trottoir d’en face. Toi qui attends je ne sais quoi ; rien sans doute, juste que le temps passe, juste que la nuit s’écoule et laisse place au jour.
Combien j’en ai vu des comme toi, combien en ai-je désiré des comme toi ; avec la même flamme dans le regard. Chiens perdus sans collier, décalés, « pas comme nous » mais finalement des « comme moi, il y a peu ».
Mais ce coup-ci comme la plupart des fois d’ailleurs. Je rejoins mon hôtel cossu, ma chambre avec vue sur la ville.
Cette fois-ci encore, je me protégerai sous un peignoir confortable, blanc immaculé et je contemplerai la ville ses néons, derrière d’épais vitrages. Laissant ces ames sœurs attendre le bout de la nuit.
Take a walk in the wild side.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire