14 mars 2010

A la dérobée





Je mate. Je mate sans arrêt. Je scrute, je hume, pas toujours discrètement sans doute, les dizaines de visages, de corps croisés chaque jour, au hasard des rues. Je capte vos gestes, élégants, masculins, subtils ; vos sourires discrets, gênés, tendres. Je guette la petite ride qui se forme à la commissure de vos lèvres, les « pates d’oies » qui accompagnent vos contrariétés. Instants volés, instants d’intimité non partagée.


J’ai envie quelques fois de vous de vous arrêter, vous connaître ; vous dire  - je vous aime, nous avons des choses en commun, à nous dire, à partager. J’en suis sûr –


Mais bien entendu, je passe mon chemin, déjà vous êtes loin, déjà un autre visage, d’autres ondulations  de corps m’accaparent.


Même si quelques fois, quelques fois quand même, des regards se croisent, et se fixent l’espace d’un instant ; sans hostilité, de la curiosité oui, de l’étonnement aussi. Et quelques fois aussi, on voit passer, juste un instant, fugace, incertain, l’envie d’aller plus loin. Le désir de connaître l’autre. Quelque chose de partagé, juste un bref, très bref instant.


Après des regrets ; regrets de ne pas s’être arrêté, regrets de ne pas avoir tendu la main.


Regrets de passer son chemin.

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