
Fils unique, j’ai toujours eu le culte de l’amitié. Du plus loin que je me souvienne, les moments de tous mes âges sont marqués par le souvenir tendre de l’ami du moment. De la prime enfance à maintenant, je me souviens de ces mecs qui ont été au plus proche de moi, qui ont rempli entièrement mon esprit ; « à la vie à la mort ». Ceux avec qui on est toujours collés, inséparables : « tu sais où est L. ? Sûrement encore avec X. ».

Gosse, on fait les pires conneries à deux : à 8 ans on colle du chewing-gum sur les sonnettes des maisons et on se barre en courant, à 18 on se défonce la gueule. Toujours à deux. Bien sûr, des tas d’autres copains sont là mais seul, Eric, Juan José, Michel, Yann, Laurent compte. S’il est loin, l’autre vous manque, ce n’est pas drôle, Je parle de celui chez qui on va dormir le Week end, avec qui on passe des heures, la nuit, à se raconter des tas de trucs inouïs, avec qui on s’invente des mondes inconnus ou plutôt connus seulement de nous deux ; des langages, des signes rien qu’à nous.
Et puis, dans le pénombre de la chambre, sous les mêmes draps, on arrive à se raconter, nos premières questions sur le sexe, « ça fait quoi quand on embrasse ?,… » Et puis il arrive que l’on se dise « et si on essayait ?.. » Alors le miracle se produit, les lèvres se rapprochent, les épaules se frôlent.

Quand arrive le moment des filles, alors on se rend compte de « sa » différence, on apprend la souffrance. IL les regarde, les cherche, et on voudrait qu’il s’en détourne : on la trouve moche, elle a forcément tous les défauts du monde. Pour lui rien n’a changé, vous êtes toujours son meilleur ami, mais pour vous tout est différent, la bulle est cassée. Bientôt, il y aura la traîtrise ou plutôt ce que nous aurons considéré comme une traîtrise dans notre vision égoïste et forcément exclusive de l’amitié. Alors on s’éloigne tout doucement ou brutalement. Parce qu’il faut bien le dire, on ne peut pas avoir de meilleur ami PD, en tout cas, je ne le crois pas. Pas comme je l’entends. Avec cette dose de mystère, de désir secret qu ne peut se nourrir que d’insignifiant magnifié, un regard, un attouchement, un sourire complice que pour soi,… si le sexe devenait possible, comment ne pas sauter le pas ? Et là fini le mystère, fini, cette fabuleuse confiance qui lie les amis qui se disent tout, absolument tout. Car rien de ce qui sera dit, révélé ne pourra altérer, la confiance et la tendresse de l’Ami.
Je dis ça, mais j’ai quand même le bonheur, d’avoir su transformer un amour énorme, violent en amitié tendre et complice. Oui, j’ai désiré et fabuleusement joui avec S., oui j’ai failli tout lâcher pour lui, malgré toutes nos différences et incompatibilités. Oui, nous sommes amis maintenant. Mais quand je suis avec lui, je sais que je peux avoir de grands moments de tendresse, mais je sais aussi qu’ils peuvent facilement se transformer en moment d’amour ; sauter le pas est facile. Et je pense que cela fausse tout.
Maintenant j’ai eu une chance folle, un grand bonheur dans la vie, car elle m'a donné toujours donné les amis du moment, elle me donne aujourd’hui le bonheur d’avoirs les trois hommes de ma vie, qui me donnent chacun à sa façon des moments intense, de la tendresse partagée.
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