18 mars 2007

Ariodante -Haendel - TCE - 14 mars

Bon, effectivement, on aimerait bien à Paris, pas tout le temps certes, mais quand même, de temps en temps , une mise en scène, "comme avant". avec des tentures rouges, des candélabres dorés, des temples et des statues partout. Des grosses dames aussi, et des messieurs en costume de romain avec le ventre qui se devine derrière les plis. ok, là encore mise en scène minimaliste, beaux costumes.. minimalistes et des danseurs comme "aujourd'hui" qui rampent... souvent.
Mais ne tirons pas sur le pianiste! la musique est là, les voix étaient là pour la magnifier et pour faire de ce 14 mars une belle soirée.
pour mémoire, l'article du Monde"

Rien à garder de cet "Ariodante"


En 2005, au Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, Lukas Hemleb avait donné un spectacle lyrique ridicule. C'était une Clémence de Titus, de Mozart, en toge, qu'on eût cru signé d'un apprenti metteur en scène désigné pour un spectacle d'une fin d'année scolaire. Mais certains assuraient que Hemleb était un grand metteur en scène de théâtre et que ce premier pas dans une grande institution lyrique n'était qu'un faux pas.


Presque trois ans plus tard, l'Allemand signe un Ariodante, de Haendel, au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris. Et, le rideau baissé, la seule consolation est de filer au Bar des Théâtres, sis en face.

Filer au bar, après un spectacle, est chose naturelle quand on y va pour fructifier l'expérience, la partager et la mettre en perspective. Quand on y court pour oublier, l'heure est grave. Bernanos, qui avait le sens du tragique, eût dit : "Dieu nous renonce."

DES STARS PEU PROBANTES

Qu'on le prenne par le début ou par la fin, ce spectacle est un désastre. Par le début ? Un bouffon (du roi) exécute des simagrées qui disent qu'une lecture de biais va intervenir. (La plupart des metteurs en scène signalent leur regard "décalé" sur le legs ancien par des gestes critiques, donc bouffons.) Par la fin ? Le bouffon, qui est danseur, est rejoint par une troupe lourdaude et peu inspirée, qui se tape le cul par terre (littéralement, on l'assure), agite des mouchoirs et tente de donner sens à la chorégraphie d'Andrew George, dépêché là parce qu'il a été décidé, chose a priori heureuse, de ne pas couper la musique de ballet.

Le décor est fait de hauts murs blancs amovibles ; l'un d'eux est percé d'une fenêtre ogivale, l'autre d'une porte. Une chaise esseulée leur fait de l'oeil. On a vu de grands spectacles décorés à moindres frais. Mais ce spectacle-ci n'est pas de ceux-là.

On aurait aimé dire que Dominique Bruguière eût été de taille à sauver cet Ariodante par ses belles lumières comme stupéfiées, aux tons blêmes d'un petit matin nauséeux. Mais c'était compter sans cette chorégraphie catastrophique, ces combinaisons en Lycra, ces couvre-chefs en forme de lustres dont on ne voudrait pas dans notre salon et ces girls chaussées de stilettos de Cesare Paciotti sur lesquels même le mannequin Naomi Campbell, reine du pas en biais, vacillerait.

L'interprétation musicale, elle non plus, ne convainc pas. De la distribution, garnie de quelques stars peu probantes (Vivica Genaux, voix fermée, émission mécanique ; Angelika Kirchschlager en contre-emploi et chantant bas ; Danielle De Niese, belle mais sans vraie présence), on ne retient que Jaël Azzaretti et Topi Lehtipuu, seconds rôles mais frais et vrais. Le chef d'orchestre Christophe Rousset, fin musicien, dirige comme un pianiste accompagnerait à couvercle fermé. Trop réservé, trop subtil pour porter le message, qui l'est beaucoup moins, d'Ariodante.

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