23 mars 2008

Parsifal
Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski, 45 ans, qui monte, à l'Opéra Bastille, Parsifal, le dernier opéra de Richard Wagner, créé en 1882, a réussi, sur la même scène, deux exemplaires lectures d'oeuvres rares : Iphigénie en Taulide, de Glück, en 2006, et L'Affaire Makropoulos, de Janacek, en 2007. On s'attendait à un "jamais deux sans trois". Or ce Parsifal nous semble un ratage.
Warlikowski a trouvé comme équivalent de la "campagne riante" (dixit Wagner) une plate-bande de jardin ouvrier où poussent des légumes qu'arrose un enfant et où, entre poireaux et choux, Kundry râle. Ce potager modeste et régénérateur (qui prend le thème de la rédemption, fondateur chez Wagner, par la racine) est sis dans un univers post-atomique. Pourquoi pas. Mais Warlikowski fait l'erreur, un peu grossière, de projeter juste avant, sur le rideau, le carton liminaire signé Roberto Rossellini pour son film Allemagne année zéro (1948) puis les images finales où l'on voit le petit garçon se donner la mort en sautant dans le vide. Raccorder une fois encore Wagner à l'Allemagne nazie alourdit et banalise le message. Certes Wagner fut antisémite, certes Adolf Hitler chérissait sa musique, mais fallait-il céder à ce raccourci idéologique un peu pesant à force d'avoir été fréquenté ? Ce moment a mis une partie de la salle en fureur : "Manipulation !", a-t-on entendu, mais on relevait surtout des réclamations claires entre les "Chut !" et les huées : "Wagner !" et "Musique !". Une fois le prélude du troisième acte commencé, les clameurs se sont tues. Pour reprendre, aux saluts, en une énorme huée vengeresse adressée au metteur en scène. D'ordinaire, à l'opéra, quelle que soit la mise en scène, on ne s'ennuie pas si la musique est bien traitée. Et elle l'était.
L'excellent chef allemand Hartmut Haenchen est précis, sourcilleux quant aux équilibres (les cuivres sont un tapis soyeux). Il dirige le choeur mieux que ce qu'on a entendu récemment à l'Opéra, il fait de la musique de chambre avec la remarquable interprète de Kundry qu'est Waltraud Meier, ardente, subtile, sachant user des raucités de son aigu difficultueux.
leMONDE --------------------------------------------------------------------------------

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