03 mars 2008


Un Verdi pour l'oreille - Luisa Miller 3/03/08

Platitude scénique et dramaturgie de convention caractérisent la nouvelle production du Luisa Miller de Verdi à l'Opéra de Paris, vingt-cinq ans après celle de 1983 au Palais-Granier. Sans être un chef-d'oeuvre, le 14e opéra d'un Verdi (1813-1901) de 36 ans rompt avec l'archétype patriotique des "années de galère" et inaugure l'ère du drame bourgeois qui mènera à La Traviata.

Dans une illustration romantico-bucolique, le metteur en scène belge Gilbert Deflo oppose l'univers féodal du sombre et inique comte Walter au clair monde paysan des Miller. Fausse simplicité, naïveté niaise, la direction d'acteur incline le plus souvent au sourire, un sentiment au fond peu compatible avec le drame tiré de la pièce Kabale und Liebe ("Intrigue et Amour"), de Schiller. Il faut attendre le dernier acte et la mort annoncée des amants (Luisa, la fille du paysan Miller, et Rodolfo, fils du comte de Walter) pour que se noue le drame.
Reste que la partie musicale ne démérite pas. La soprano américaine Ana Maria Martinez, timbre exquis et délicatesse, est bien l'"ingénue aux qualités très dramatiques" que stipulait Verdi. Quant au ténor mexicain Ramon Vargas, il a cette noblesse du chant qui fait passer au second plan une apparence scénique caricaturalement costumée. Dotée d'une vraie tessiture de contralto, l'Espagnole Maria José Montiel en impose par sa sensualité et la beauté de son timbre. Sous la direction ductile et élégante de l'Italien Massimo Zanetti, pour la première fois dans la fosse parisienne, l'Orchestre (et les Choeurs) ont donné vie, profondeur et sens à une oeuvre qui traite avant tout de l'amour filial.

Pour ma part, j'ai bien aimé! ok l'intrigue est plutôt faible et il n'y à pas vraiment de "beaux airs", mais la scénographie et les décors genre "La mélodie du bonheur" m'ont quand même reposé de toutes ces mises en scènes en costumes de réfugié sur les routes de l'exode dans la pénombre.

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