30 novembre 2008

Opera


Tristan&Isolde-bastille

L’artiste vidéaste américain Bill Viola signe les “décors” de l’opéra de Wagner mis en scène par Peter Sellars. Une tragédie qui se joue dans les chants puissants des deux amants et dans les films projetés sur un immense écran installé sur la scène.

La nature -l’eau, l’air, le feu- est le personnage principal qui dévore ses enfants. Ainsi l’une des plus belles scènes : le ballet des corps fluides dans la mer qui est aussi la nuit. Les deux protagonistes, à mesure qu’ils s’unissent, se confondent, se dissolvent, se perdent et se résorbent en un point unique, minuscule, bientôt englouti au fond des eaux immémoriales, comme au fond de la mémoire.

Magie de Viola qui donne corps au vertige d’abandon et de jouissance. En silence, comme on se noie. Les chants eux-mêmes se chevauchent et bientôt fusionnent en une seule phrase ténue, fragile, jusque dans la note blanche qui contient toutes les autres. Splendide chute qui est aussi ascension, élévation. Les deux amants s’éprennent de la chute, plus dense encore que ce qui les a fait tomber. Ils disparaissent comme ils s’aiment : de toutes les éternités.


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