14 décembre 2009

Poésie de la vie


Dans le port d'Amsterdam


Y a des marins qui chantent Les rêves qui les hantent Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment Comme des oriflammes Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent

Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent

Sur des nappes trop
blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune

A décroisser la lune
A bouffer
des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le cœur des frites

Que leurs grosses mains invitent

A revenir en plus

Puis se lèvent en riant

Dans un bruit de tempête

Referment leur braguette
Et sortent en rotant
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent

Comme des soleils crachés

Dans le son déchiré

D'un accordéon rance Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup

L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam

De Hambourg
ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel

Se mouchent dans les étoiles

Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles

Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
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