12 décembre 2018

Mecs de passage


Quelques fois, je vous aime. Quelques fois alors, j’aimerais vous garder, garder l’odeur de votre corps, le grain de votre peau, ancré au plus profond de ma mémoire. Archives délicieuses, archives sensuelles. Un jour, jamais peut être, j’irais en recherche de ces fichiers secrets : 22 avril 2008, N°234AB, et tout reviendrait. Des regards, arrêts sur image parmi ceux qui comptent.
Le regard du premier geste vers le corps que l’on ne connaît pas encore, le regard de l’abandon, quand on crie, quand on donnerait tout pour que cela s’arrête, tout pour que cela dure. Et puis des textures, douces et translucides sous les aisselles, granuleuses ici où là sur les bras, si douces enfin au creux des reins. Mais la mémoire humaine n’est pas un disque dur et s’émousse au fil du temps. Alors quelques fois, pour un regard, pour un geste, un sourire aussi, j’aime à garder une image de vous, une simple photo conservée ou pas:
Toi pour ta façon bizarre de te déshabiller, en commençant par le bas et toi pour la cigarette après l’amour et pour ton corps si sec, pour tes grains de beauté allant par deux.
Pourtant, ce sont vos odeurs que j’aimerais conserver. Un ou plusieurs flacons pour chacun d’entre vous. Ces odeurs qui resteraient au fil des ans précises, inaltérées. Témoins des heures passées : sueurs, un zeste de fumée, une goutte d’urine restée là. Plus que toute image, c’est avec ces senteurs enfermées que je reconnaîtrais un amant oublié, c’est avec ces effluves que je saurais me souvenir, de l’abandon, des cris, de la passion ou de l’ennui.



Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,
D'où jaillit toute vive une âme qui revient.

Mille pensées dormaient, chrysalides funèbres,
Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres,
Qui dégagent leur aile et prennent leur essor,
Teintés d'azur, glacés de rose, lamés d'or.

Voilà le souvenir enivrant qui voltige
Dans l'air troublé; les yeux se ferment; le Vertige
Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains;
Baudelaire

1 commentaire:

  1. Retenir et y revenir…….
    Nostalgie de ces parfums, sueurs, perles et trésors de ces corps éloignés
    Comment ne pas les laisser s’oublier ……….

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