Nous étions amis. Comme seuls des adolescents peuvent l’être. Amis pleinement, totalement. De sang.
Je savais tout de toi et tu savais tout de moi. C'est-à-dire par grand-chose. Le lycée, les filles que tu regardais et dont on ne parlait jamais, les voitures de formule 1 dont nous parlions souvent.
Je me foutais pas mal des voitures, de leurs pilotes et de la forme des circuits. Mais, nous étions ensemble, de longues heures l’un contre l’autre sur le grand lit de ta chambre, juste au dessus de la boulangerie de tes parents. C’était notre refuge, notre île. Hors du temps, juste nous.
Le week-end nos parents s’étaient habitués à nous voir ensemble. Dès la sortie du lycée, je remplissais nerveusement un petit sac de quelques fringues et je courrais chez toi, de l’autre coté du fleuve traversant hâtivement la ville.
La nuit, les nuits passées contre toi, dans ton grand lit grinçant, la nuque caresse par ton souffle régulier ; léger si léger.
Cet été là, nous avions persuadé, facilement d’ailleurs tes parents, de te laisser venir avec moi quelques jours dans notre maison du bord de la mer.
Quel bonheur, nous passions nos journées à la plage, dans les dunes, à vélo. Nos premières soirées aussi dans le monde du dehors, à siroter de la bière aux terrasses bondées de la station balnéaire. Seuls parmi les rires, les regards des garçons et les filles de notre âge. Bronzés, exténués de sport, heureux de la fraîcheur retrouvée de ces soirées estivales. Le bonheur et l’insouciance régnait partout.
Ce soir là, je me souviens, il faisait chaud. Seul une légère brise soulevait à peine le léger rideau de la chambre. La lumière de la lune éclairait la pièce d’une lumière blafarde. Je ne dormais pas écoutant simplement les bruits de la nuit.
Bien sûr, nous sommes ici dans le domaine de la légère frustration post adolescente. Maintenant que l'on a grandi, on peut déjà regarder son passé avec ce état d'esprit "malsain" qui préfigure, à mon sens, la vieillesse : "chaque minute qui passe nous rapproche de la poussière", état d'esprit, donc, qui nous pousse à regarder derrière nous et regretter ce que l'on a pas fait.
Bien sût Michel a été longtemps mon meilleur ami, oui nous passions nos weekend ensemble et une bonne partie de nos vacances.
Oui nous étions inséparables , oui maintenant je peux le dire, j'avais envie de lui, et bien souvent nos lits partagés furent des nuits blanches ou agitées dans ma tête.
Mais hélas ou tant pis, ceci n'est jamais arrivé. nostalgie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire