23 décembre 2009

Concert

La melodie du bonheur - Chatelet


La scène s’ouvre sur les sommets du Tyrol, cathédrale de pierre d’où s’élèvent les chants sacrés d’un choeur de nonnes. Maria Rainer s’apprête à quitter le couvent et à rejoindre la famille de sept enfants et un veuf, les von Trapp, qu’elle sauvera de la monotonie et de la rigidité militaire par son amour de la musique et du chant. C’est une bien jolie histoire que cette rencontre-là. La vie romancée d’une orpheline qui fuit l’annexion de l’Autriche par les nazis avec sa tribu recomposée. Broadway fit un succès de l’autobiographie de l’héroïne à la voix d’or, Hollywood la propulsa au rang de légende. Et Paris manquait toujours au palmarès de la comédie musicale. La mise en scène d’Emilio Sagi au Châtelet est à la démesure de l’événement. Des décors somptueux, des changements de costumes incessants, une cinquantaine de comédiens, chanteurs lyriques, figurants, un orchestre en fosse dirigé par Kevin Farrell... Sylvia Schwartz emboîte le pas à la Julie Andrews de la version cinéma. Sa voix de Soprano sublime le répertoire créé par Richard Rodgers et Oscar Hammerstein en 1959. Des textes en anglais, sous-titrés, qui glorifient les valeurs familiales, le soutien à la patrie et surtout la nature. Les murs de la demeure des von Trapp, peints aux couleurs du ciel, sont ouverts sur les montagnes, illustration parfaite de la domination des éléments sur la nature humaine. Et si les moeurs ont évolué et que la naïveté date un peu, la résistance à l’envahisseur, incarnée par une milice armée qui déborde la scène et se glisse dans le public, réveille encore l’indignation.
Jusqu’à ce que la verte colline engloutisse l’étendard nazi. La nature vainc l’envahisseur et porte la joyeuse famille vers la liberté. La symbolique politique, résolument appuyée, manque un peu de subtilité. Mais rien n’entache le bonheur béat de ces trois heures sous oxygène alpin. On n’en demandait pas plus. Juste ces mélodies ressuscitées qui flottent longtemps dans la grisaille quotidienne.

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