24 juin 2010

un jour ailleurs, toujours,.. **

ailleurs, à l'étroit dans ma chambre d'hôtel.. J'y vais, j'y vais pas; le dilemme habituel dont je connais par avance la réponse.. Et puis enfin décidé, déjà excité, le cœur battant, je quitte mon costume de pingouin, j'enfile un jean et un t-shirt et je file vers ce club que je connais déjà. Ce soir encore, le bar est comble et ce soir encore les mêmes va-et-vient dans l'escalier menant au sous-sol. Open dress code ce soir. Les corps nus côtoient les "whities", les jockstraps. Pour ma part, j'ai choisi un boxer noir Celio (avec pochette pour capote!) acheté avant le départ à la gare. Peu d' ambiance à cette heure. La musique tonitruante couvre bien heureusement le silence des hommes qui se croisent, se scrutent encore. Une bière à la main, je navigue dans tous les recoins du bar, reculant l'inévitable moment de la descente vers l'antre. Regards croisés, sourires engageants, indifférence feinte ou réelle. Cruising habituel, ennui général. Rien d'autre à faire bien sûr que descendre là où l'on sait sans doute un peu plus ce que l'on veut. Bizarre, pas grand monde ne hante ce soir les dédales du sous-sol. Je déambule tristement le long de sombres couloirs, croisant et décroisant, les mêmes corps en attente, les mêmes regards fuyants. Et puis, posé là dans un recoin, lui, le grand escogriffe, les bras ballants; extra-terrestre, décalé. Un grand (très), filiforme, les cheveux en bataille. Un long et difforme marcel sur une poitrine plate et légèrement velue. Un slip blanc des plus banals, usé jusqu'à la corde, une taille au dessus. Le genre décalé qui m'attire souvent. Quelques minutes ont suffit. De fait, je me suis à peine approché, à peine un regard échangé 
Une ville, ailleurs. Une nouvelle nuit loin de chez moi, encore. Une nouvelle soirée de solitude, 
- ne restons pas là, viens, partons d'ici, ça craint -

 il est monté sans attendre ma réponse, sans se retourner une fois, comme une évidence, j'allais le suivre; je l'ai suivi. Nous nous sommes rhabillés en silence, sans un regard. Mais, à peine sortis dans la rue, il s'est jeté sur moi, brusquement, maladroitement, prenant mon visage dans ses mains, m'embrassant goulument. Un instant, pas beaucoup plus, puis sagement à mes cotés, les mains dans les poches d'un jean fatigué, le silence, le regard au loin, vague. Ma chambre d'hôtel, sans chichi, sans un mot encore, il s'est dévêtu. Son jean et son marcel posés proprement sur un fauteuil, il s'est calé sur le lit. Silence toujours. Je comprenais que ce n'était pas cette nuit que j'allais expérimenter ou m'envoyer en l'air sauvagement. Qu'importe, son regard de sauvageon inquiet, son corps dégingandé m'attirait. Je l'ai rejoint, mon corps collé contre le sien, nos bouches se sont rapprochées effleurées. Juste un souffle partagé. Sa bouche, son haleine sentaient bon. Nos cœurs battaient fort, nos visages se caressaient dans une douceur extrême. Peau contre peau, visage contre visage, seules nos respirations maintenant haletantes rompaient le silence de la chambre. La clignotement multicolore de la rue faisait de nos corps imperceptiblement en mouvement, une composition étrange. Je posai ma main sur le renflement de tissu blanc, chaud, doux. Je sentais sous le coton fatigué sa queue se déployer doucement.
J'en caressai les contours, j'en caressai les veines déjà gonflées. Nous sommes restés longtemps comme cela, en lévitation. Puis, il s'est dégagé de mon étreinte, jeté au travers de la pièce son slip. Un instant, il est resté là, nu, sa bite longue et veineuse contre son ventre, puis m'a enlevé mon caleçon avant de se blottir de nouveau contre moi. Caresses longues, tendres. Baisers, respirations au diapason, regards éperdus. 
 Nos corps se mélangeaient dans une extrême douceur, luisaient de mille feux par la magie des néons de la rue. Cela a duré longtemps et trop peu aussi. Épuisé, il s'est enfin endormi dans mes bras, d'un coup, sans crier gare. Nous avions fait l'amour. Où plutôt, nous nous étions donné de l'amour. Intensément. Pendant tout ce temps, Il, et je n'avais rien fait pour changer le cours de choses, avait soigneusement évité de passer la frontière de l'égarement, du sexe. Du banal où sans doute considéré comme tel par lui. Bien sûr, impossible de m'endormir. Je caressais ce corps endormi et blotti contre le mien. Je le regardais dormir, je regardais les étranges reliefs crées sur son corps si frêle par les lumières rouges, bleus, vertes des néons de la rue. Bien sûr moi aussi, épuisé, vaincu par le sommeil, je me suis finalement endormi. Contre lui, unissant ma respiration à la sienne. 
Au petit matin, je me suis réveillé, toujours contre lui. nous n'avions pas bougé d'un pouce. Je l'ai regardé un moment, étonné de ma nuit, de notre nuit. Alors, sans équivoque, j'ai caressé sa queue toute raide dans son sommeil. Son corps déjà réagissait avec volupté à mes caresses. Enfin, encore ankylosé, je me suis arraché à notre étreinte de la nuit pour prendre sa queue dans ma bouche. N'est-ce pas le meilleur des réveils!? Il ne résista pas longtemps. Très vite ses mains posées sur ma tête accompagnaient mes mouvements sur son sexe. Il haletait, soupirait, gémissait; le bougre aimait ça! Très vite, trop vite, je sentis la sève monter, dans un spasme, de longues giclées de sperme inondèrent ma gorge. Il pleurait. C'était bien ainsi. Nous n'avions rien d'autre à nous dire. Nous n'avions sans doute pas prononcé plus de quatre mots durant notre rencontre mais nos corps s'étaient tout dit. Je le regardai se rhabiller après une douche vite prise. Son vieux Calvin Klein collait à ses fesses trop vite séchées. Il s'approcha de moi, je posai un baiser léger sur ses lèvres. - c'était bien - lui dis-je. Et c'était vrai, je le pensais vraiment. C'était bien.



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