01 novembre 2010

Bouquins


L'écrivain aborde la Seconde Guerre mondiale et une mystérieuse maison de convalescence.

Il y a assurément chez le capitaine Louyre, protagoniste essentiel du nouveau roman de Marc Dugain, L'insomnie des étoiles, un petit quelque chose du commissaire Adamsberg, le héros récurrent des polars de Fred Vargas : même nonchalance apparente, même désabusement, même singularité de comportement, même mélange d'intuition et de raisonnement, de sensibilité et de lucidité... Rien de très étonnant à cela quand on sait que les deux auteurs se connaissent depuis l'enfance et qu'ils se conseillent mutuellement au sujet de leurs écrits. C'est d'ailleurs sur le terrain policier de sa grande amie, qu'il considère comme sa soeur, que Marc Dugain s'aventure cette fois, tout en restant dans les travées de l'histoire contemporaine, son thème de prédilection - la Première Guerre mondiale dans La chambre des officiers, son premier roman paru en 1999, le FBI pour La malédiction d'Edgar en 2005, ou encore la Russie de Staline avec Une exécution ordinaire, en 2007.
L'écrivain s'intéresse aujourd'hui à la Seconde Guerre mondiale et charge son capitaine, haut gradé français dépourvu de tout esprit belliqueux, d'enquêter sur le passé de Maria Richter, 15 ans. Louyre et ses hommes l'ont découverte, décharnée, affamée, à l'automne 1945, dans une ferme abandonnée, au sud de l'Allemagne. Ils y ont également trouvé un corps calciné. Et Louyre apprendra dans la foulée qu'une maison de convalescence des environs a été vidée de ses occupants pendant la guerre... Voilà autant de "secrets palpitants pour un homme menacé d'ennui", confiera-t-il au maire de la ville où il a installé ses quartiers, comme convenu entre les Alliés. Aux petits soins pour l'adolescente, qui lui oppose d'abord un certain mutisme, le militaire veut en savoir plus sur cette étrange maison de convalescence et soumet son ancien directeur, le docteur Halfinger, à un interrogatoire serré. Ce face-à-face sans concession est d'ailleurs la partie la plus intéressante du roman, dont le reste pèche parfois par son côté décousu, qui aborde ainsi de front l'eugénisme et l'euthanasie pratiqués par les nazis pour se débarrasser des malades, des handicapés, et bien sûr des "fous". Et Louyre de commenter sobrement : "Il ne me reste qu'à me persuader de la réalité de ce que je découvre." Seule Maria pourra peut-être lui faire oublier pareille abomination...
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