18 mai 2012

confusion des sentiments **


Le soleil est levé depuis bien longtemps déjà. La maison est vide et calme. L. et M. sont partis en ballade, F. s’affaire dans le jardin. Seul les clapotis de la douche et vos rires assourdis viennent rompre le silence et ma lecture.
Malgré moi, comme pour mieux vous connaître, je pousse doucement la porte de votre chambre restée entrouverte. Derrière les volets encore fermés, strié de lumière, le désordre de la nuit règne encore, le désordre de votre nuit. Un désordre à l’odeur âcre mais sensuel qui me bouleverse. Des vêtements éparpillés ici et là, quelques livres sur les chevets, une serviette posée sur l’abat jour, un oreiller sur le tapis et le grand lit défait. Ce lit encore chaud que vous venez de quitter et qui irrésistiblement m’attire. Comme si vous étiez encore là, endormis, enlacés.
Je m’assois sur le bord, comme pour ne pas déranger la scène. Ma main caresse, frôle lentement les vagues des draps, empreintes de vos corps, mémoire de la nuit.
Je vous sens, je devine vos ébats, j’entends vos halètements, vos murmures, vos mots d’amour susurrés. Le film de votre nuit défile, là, au bout de mes doigts.
Non je ne suis pas jaloux de la passion qui vous habite. Juste ému, par votre merveilleuse complicité, sa gestuelle amoureuse, ses regards, ses sourires. Tout en vous dégage, reflète, une rare et tendre unicité. Tout en vous est émotion.
Je quitte à reculons votre antre, cette atmosphère si personnelle, cette intimité que j’ai violée bien malgré moi. Comme un sanctuaire.
Je vous laisse à vos tendres ablutions. Bientôt vous rejoindrez le monde des « autres ».

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