08 avril 2014

le campement



Si on s’ennuyait ferme durant le service militaire, il arrivait de temps en temps que l’on nous réserve des surprises. Des branle-bas de combat subitement claironnés, quelques fois en pleine nuit.
Pour nous, les hommes du Génie, il s’agissait de faire son paquetage en quelques minutes et de partir en pleine nuit ou de bon matin en ribambelle de camions, encore endormis après une nuit trop courte, le treillis à peine boutonné faute de temps, un sac à dos tenu d’une main, le fusil ou la mitrailleuse de l’autre. Le casque mal accroché à la ceinture ou à peine vissé sur la tête. Destination ? Toujours la même, le camp militaire de Canjuers. On pouvait y passer une semaine 50km de marche par jour à chercher les bleus ou les verts, d’autres troufions comme nous perdus dans le maquis, en pleine chaleur, chargés comme des mules ! Devenus les ennemis d’un jour ou de la semaine ; presque la guerre, quoi !
Étant bon marcheur, je pouvais porter plus que les autres et bien souvent, au bout de quelques kilomètres, je me retrouvais chargé de ma mitrailleuse, de mon sac à dos et du radio téléphone.


Après une longue journée à crapahuter et à jouer au petit soldat, à se tirer à bout portant avec des balles à blanc, on établissait le bivouac. Des soirées entre mecs autour d’un feu (même si quelques fois nous avions interdiction de faire du feu, interdiction de parler trop fort et même d’allumer une cigarette car il ne fallait surtout pas être repérés par l’ennemi : les bleus, les rouges ou les blancs : ceux d’en face, quoi !). La ration de campagne pour nous rassasier, un petit coup de rhum y compris. Alors la nuit venant, après quelques clopes, on se raconte des histoires d’hommes. Des histoires de copines vraies ou inventées laissées là bas, chez nous. Avec un peu de chance, le « niçois » a pensé à tout : un peu d’herbe, quelques canettes (on comprend pourquoi le sac était si lourd !) et alors la nuit se prolonge encore plus longtemps et encore des histoires d’hommes, des histoires de mélancolie. De temps en temps on se lève, on fait quelques pas pour pisser bruyamment, là juste contre un arbre. Puis, chacun rejoins les tentes. On se dévêtis riant : une claque sur le cul, un caleçon baissé, une allusion fine sur la taille de l’engin. Des histoires de mecs.

Au petit matin, après le boxon du sergent chef chargé du réveil, on ouvre les yeux sur la désolation régnant sous la tente, les vêtements emmêlés, chacun cherchant qui son caleçon qui ses chaussettes, une ambiance d’hommes, des odeurs de mecs.
Alors on prend de plein fouet l’air frais du matin, le sexe encore un peu dur au fond du caleçon ou du slip. Et, après s’être vidé la vessie contre l’arbre le plus proche on se dirige vers la douche de campagne si elle a été installée ou la rivière proche pour se laver.
Je n’ai jamais vu ni eu de relations sexuelles lors de ces grandes manœuvres, mais c’était à chaque fois pour un grand bonheur de me retrouver ainsi dans ces longs moments de promiscuité. Juste des histoires d’hommes.



Bon quelques fois, il y avait des soirées genre bagarre, un peu limites mais qui n'ont jamais fini comme celle-là....

2 commentaires:

  1. Anonyme1:45 PM

    Je crois qu'il ny a que dans les films pornos qu'il se passe des choses sous les tentes! C'est vrai que c'était bien excitant cette ambiance ce mek...

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  2. Anonyme11:08 PM

    Quinze jours de caserne (le Génie, à Oissel) et trois semaines d'hôpital (à Lille, pour cause d'asthme), moi qui désirais un VSL dans la Marine...
    De retour chez moi je recevais une déclaration de "séduction" toute penaude par la poste. Un collègue de chambrée que j'avais à peine regardé.
    Je me souviens aussi de cet homo un peu malingre, un couturier de Tours dans le civil, qui préparait des compotes de pommes pour son sergent, véritable petit canon...

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