08 août 2014

Lectures estivales

Il y a bien longtemps que je n'ai pas recensé ici mes lectures ou bien même mes concerts.  Ce n'est pas pour y avoir renoncé -je lis toujours autant et,  même si je suis plus sélectif sur les spectacles que je souhaite voir ou entendre, je  fréquente toujours les salles de concert. Par contre, effectivement, j'ai négligé d'en continuer le recensement ici.
Mais, voici néanmoins quelques bouquins lus ces dernières semaines.
Le chant d'Achille  M. Miller
J'ai toujours aimé la mythologie grecque, c'est donc avec un grand plaisir que je me suis plongée dans cette Illiade revisitée!
Tout y est, la passion, les Dieux, l'honneur, la vengeance, la guerre, les mythes...le tout dans un style actuel agréable.
Le seul hic pour moi est finalement que j'ai du mal à savoir si j'ai aimé le livre pour son style ou pour l'histoire, que j'aimais déjà de toute façon!
L'auteure a quand même réussi à se l'approprier mais cela reste difficile pour moi de juger une oeuvre dont les fondements sont connus de tous depuis des millénaires.
Mais cela n'empêche pas que j'ai passé un excellent moment de lecture, très dépaysant!
Silo HUGH HOWEY
Dans un futur postapocalyptique indéterminé, une communauté d’hommes et de femmes a organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l’atmosphère y est désormais irrespirable. Les images de mauvaise qualité relayées par d’antiques caméras, montrant un paysage de ruines et de dévastation balayé de vents violents et de noirs nuages, ne semblent laisser aucune place à l’illusion. Pourtant, certains continuent d’espérer. Ces individus, dont l’optimisme pourrait s’avérer contagieux, représentent un danger potentiel. Leur punition est simple. Ils se voient accorder cela même à quoi ils aspirent : sortir.
Dans une nouvelle qu’il met en ligne en 2011, Hugh Howey décrit une société où l’on ne percevrait plus le monde extérieur que par le biais d’un écran. Peu après, devant le nombre de messages de lecteurs lui réclamant une suite, il imagine quatre nouveaux épisodes – donnant naissance à Silo, devenu depuis un best-seller international.
Conjuguant un art consommé du récit et un infaillible sens du suspense, Hugh Howey a peut-être offert à la science-fiction son dernier classique en date.
Les lois de la frontière   Javier Cercas
Eté 1978, à Gérone en Espagne, un adolescent de la classe moyenne, pour échapper à la malveillance d'un de ses camarades de classe, rejoint une bande de voyous menée par le charismatique Zarco et son amie Tere. A leur côté, il participe à une série de cambriolages, de vols de voitures et d'attaques de banques durant tout l'été.
Trente ans plus tard, devenu un avocat pénaliste reconnu, il raconte son histoire à un écrivain, essayant de décrypter les motifs de son engagement dans la bande de Zarco et les raisons pour lesquelles il s'est occupé de sa défense, celui-ci étant devenu entre-temps un bandit multi-récidiviste condamné à la prison à vie et un héros national.
La force de ce roman ne réside pas uniquement dans le portrait réaliste de la société espagnole dans les années suivant la mort de Franco mais aussi et surtout dans la mise en perspective d'une vie d'homme avec ses parts d'ombre et ses ambiguïtés et la difficulté de relire son passé à partir de l'instant présent.
L'affaire collini Ferdinand von Schirach
Pour obtenir ses premiers mandats, un jeune avocat s'inscrit au bureau des commis d'office. Son premier client se révèle être l'assassin présumé d'un de ses proches.
Une enquête très bien menée, impossible de poser ce roman avant de connaître le fin mot de l'histoire. Un roman dont on apprend qu'il a déclenché pas mal de remous en Allemagne. A bon escient.
L'emprise de Marc Dugain
La politique (française) est un marigot où nagent toutes sortes de bestioles dont l'objectif suprême semble être de s'arroger le plus de pouvoir possible. Avec L'Emprise, Marc Dugain se surpasse dans une description brillante et d'une ironie cinglante de ce marécage nauséabond et cynique où se côtoient candidats à l'élection présidentielle, patrons de grands groupes industriels, grands manitous du renseignement intérieur et quelques autres animaux plus ou moins influents. L'auteur construit une fresque d'une belle complexité qui ne perd jamais son lecteur dans le même esprit qu'un Zola ou qu'un Balzac dans sa Comédie humaine. Tout est faux (quoique) mais tout sonne vrai dans ce thriller magnétique qui plonge dans les entrailles d'une société française malade de corruption et de liaisons dangereuses. Dugain aborde une multitude de sujets (dont la mondialisation et le poids de la finance) sans pour autant perdre de vue ce qui fait l'essence d'un bon roman : la caractérisation précise de ses personnages. Ceux de L'Emprise sont diablement humains dans leurs faiblesses, leurs peurs, leurs lâchetés, leurs espoirs et leurs compromissions. Vif et incisif, le roman mêle avec grand talent image publique et vie privée dans un tableau vivant et exacerbé d'une petite élite dopée à la griserie du pouvoir qui va droit dans le mur à une vitesse stupéfiante. Est-il besoin de souligner que le livre est passionnant et haletant de bout en bout ?
Les feux de Saint elme  Daniel cordier
C'est un livre d'aujourd'hui qui semble d'un autre temps. Il exhale un parfum de feuilles mortes, d'encrier, de pensionnat et d'encens de messe. On y glisse du réfectoire au dortoir et du confessionnal à la douche. Les baisers sont volés et les secrets bien gardés.
Une imposture Juan Manuel de Prada
Adversaire de l'avortement, proche de l'Eglise, ce quadra de la littérature espagnole soigne son image de "réac". Ça ne l'empêche pas d'avoir du talent.
Michael Connelly la blonde en béton
Voilà Hiéronymus sur le banc de l'accusation, il est soupçonné d'avoir buter un innocent alors qu'il est certain lui, d'avoir éliminer un psychopathe (le Dollmasker). Et pour mettre de l'eau au moulin de l'accusation, voilà que le cadavre d'une jeune femme est retrouvée sous une dalle de béton, peinturluré comme les victimes du dollmasker. Ca sent le piège à plein nez, mais Harry à l'odorat développé.
Bosch est un flic aussi passionnant que tourmenté. Connelly alterne scènes de tribunal et enquête avec une maestria qui ravira ces fans. Bosch doit la jouer fine, d'autant que la partie civile s'avère aussi coriace que redoutable.
Polar classique me direz-vous, mais Connelly a un talent imparable, il sait nous accrocher, nous balader avec une force qui me ravie presque à chaque fois. Et décidement ce Hiéronymus Bosch est un personnage complexe et attachant. Connelly a donné au polar (avec d‘autres bien sur), genre longtemps considéré comme mineur, la reconnaissance littéraire qu'il mérite.
La blonde en béton en est un exemple supplémentaire.
Ignacio del Valle   derrière les masques
Un attentat à Manhattan, dans le restaurant d'un mafieux russe connu du FBI « et pas précisément pour l'excellence de ses blinis » fait ressurgir le spectre de Viktor, un criminel de guerre serbe censé avoir été assassiné quelques années plus tôt. Deux policiers et une photographe de guerre qui a perdu (vendu ?) son âme en Bosnie et dans cet « asile balkanique » tentent d'organiser la traque de ce tortionnaire. Au fil de cette quête ils vont certes découvrir le parcours de Viktor mais aussi se découvrir eux-mêmes dans ce jeu de piste pervers où la victime s'identifie au bourreau qui en fin de compte la façonne. On ne sort pas complètement indemne de toute cette violence exposée, de cet univers dans lequel « l'horreur est devenue routine », des répétitions obsédantes.
Derrière les masques peut donc être qualifié de polar métaphysique et psychologique. En effet, l'enquête est un prétexte à l'introspection, à une réflexion sur l'identité, sur le pardon, sur la monstruosité (et la fascination qu'elle suscite). L'ensemble est très psychologique mais malgré des passages très réflexifs le rythme est vif car l'auteur nous tient en haleine avec un suspens donné par l'action et par la construction : comme dans une série télé ou les polars américains les chapitres s'interrompent très souvent à des moments cruciaux et font alterner les points de vue des différents personnages. L'auteur est évidemment très loin d'un Harlan Coben tant son style est travaillé ( un peu ampoulé parfois diront .

1 commentaire:

  1. Bel esprit, bon choix ! je prends note de certains que je ne connais pas. Je suis en plein dans la rentrée littéraire car j'ai l'occasion d'obtenir des services de presse. Je te conseille fortement le prochain Wally Lamb "Nous sommes l'eau"...Magnifique !

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