04 novembre 2005

ENVRAC:lecturesdeVacances

william Maxwell
au revoir à demain

bof, bof




Joël Egloff
L'etourdissement
pp. 57-58 :« Les jours de repos, coûte que coûte, faut se changer les idées. J’en connais qui vont pêcher, le dimanche à l’aube, du côté de la rivière qui mousse. Bortch en fait partie. Ça mord bien là-bas, paraît-il. Peu importe l’heure, le temps, la lune, même pas besoin d’appâter, les poissons font pas de manières, ils sont pas compliqués, on peut même gueuler ou sauter sur la berge, si on veut, ça les dérange pas, au contraire. Et si on n’a rien à piquer au bout de son hameçon, c’est pas grave non plus, faut pas s’en faire. Il suffit de mettre sa ligne à l’eau et dans les secondes qui suivent, le bouchon plonge immanquablement. Ils sont pas plus stupides qu’ailleurs, les poissons, c’est pas ça, tout ce qu’il veulent c’est qu’on les sorte de l’eau, qu’on les tire de là.Dehors, ils respirent beaucoup mieux d’un coup, et puis ça soulage leurs brûlures et leurs démangeaisons, alors ils sont contents. Après on peut bien faire ce qu’on veut avec eux, les laisser crever sur l’herbe ou leur cogner la tête contre une pierre, du moment qu’on les remet pas à la rivière parce qu’ils sont trop petits ou pas beaux, c’est tout ce qu’il demandent. Ils sont pas exigeants.En passant, je m’arrête quelquefois pour discuter avec les pêcheurs.– Ça mord pas trop ? je leur demande pour entamer la conversation.– On va pas se plaindre, ils me répondent. »
La méthode miraculeuse de Félix Bubka,David Sandes
Depuis qu'il est enfant, Bram a été élevé par sa mère, excellente musicienne hollandaise, dans l'idée qu'il serait un jour un grand pianiste. Elle ne jure que par la méthode " miraculeuse " de Félix Bubka, un musicien hongrois, inventeur d'une technique très particulière du doigté. Devenu adulte, Bram a un jour envie de voyager et il part pour la Hongrie, avec l'idée de visiter la maison natale de Bubka. Et c'est l'amour qu'il rencontre, à Budapest, en la personne de Luc, un Français - " le début de quelque chose de beau ". Bram décide de venir s'installer à Paris avec Luc. Se succèdent alors des chapitres assez brefs, pétillants de vie et d'humour, sur leur vie à deux. Ils ne sont d'accord sur rien, se disputent, se réconcilient. Ils s'aiment… Il y a l'alcool, un peu de drogue, les copains, les voisins, l'amour encore… Mais Bram va aller peu à peu de déceptions en échecs, tant dans sa vie professionnelle que dans sa vie privée. " Le bonheur n'était pas dans le pré. Je suis toujours épris de Luc, même s'il n'est plus là. " Il est extrêmement difficile de " raconter " ce roman. Ce qui frappe, d'emblée, c'est la construction, très visuelle, très " filmique ". Les scènes sont courtes, se suivent à un rythme très soutenu. Et la langue est remarquable, fluide, rapide, en adéquation parfaite avec, précisément, cette construction. Elle fourmille d'images, de trouvailles de style. Et, très important, l'humour est omniprésent. Il est rare de rencontrer une langue pareille dans un premier roman. Que David Sandes sache écrire, nul ne peut en douter. Un remarquable manuscrit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire