08 août 2010

Bouquin


Après La maison du bout du monde et De chair et de sang, Michael Cunningham persiste et signe Les heures, un excellent roman qui se trouve dans la veine des deux précédents tout en osant une construction narrative plutôt surprenante. Trois femmes, trois époques: l'écrivain bâtit son récit sur quelques heures de la vie de ces héroïnes dont l'une a vécu - Virginia Woolf -, dont une autre porte le nom d'un personnage illustre - Mrs. Dalloway -, et dont la troisième - Mrs. Brown - est complètement anonyme. Quel lien les unit? Nous le découvrirons, en ce qui concerne les faits, dans les dernières pages. Mais une chose est certaine, la littérature représente pour elles leur seule destinée. Virginia Woolf donnerait sa chemise pour un paragraphe bien tourné; Clarissa, surnommée par son meilleur ami Mrs. Dalloway, en est venue à s'identifier à cette figure romanesque. Quant à Mrs. Brown, elle ne vit que pour la lecture. N'ira-t-elle pas jusqu'à louer une chambre d'hôtel le temps de terminer le livre dans lequel elle est plongée et qui s'intitule bien sûr... Mrs. Dalloway? Ces instants fugaces durant lesquels Michael Cunningham surprend ces trois femmes sont décisifs pour elles: Virginia Woolf, au bord de la folie, est engloutie dans l'écriture de ce fameux Mrs. Dalloway et la faille qui s'est creusée dans son esprit ne sera plus jamais comblée. Clarissa vient de perdre son meilleur ami. Quant à Mrs. Brown, c'est durant cette échappée à l'hôtel qu'elle comprend qu'elle ne pourra pas supporter l'existence qu'elle mène. Partir ou mourir, c'est désormais le choix qui s'impose à elle.
Michael Cunningham signe une histoire d'une profonde originalité, couronnée par un jury, celui du prix Pulitzer, qui manque rarement de flair.





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