04 septembre 2010

Dérive homophobe..... En France



Footballeur ou gay, un amateur paye de n'avoir pas choisi

— "Pédé, tarlouze, pédophile"... Durant des années, Yoann Lemaire a encaissé avec distance les injures homophobes lancées sur ou autour des terrains jusqu'à craquer, il y a quelques jours, devant le refus de licence opposé par son club de foot de toujours, le FC Chooz (DHR).
"Je viens de réaliser qu'après 14 ans passés au club, c'est terminé. Le foot avec les potes, aller à l'entraînement trois fois par semaine, c'était ma vie. C'est fini."
La guerre avec les dirigeants ardennais a en effet atteint un point de non-retour. "C'est allé trop loin avec eux. Et c'est impossible de trouver un club dans la région. +On a rien contre les gays mais on veut pas de problème+, voila ce que l'on me dit", raconte le libero de 28 ans.
Ce dernier réfléchit à intenter une action en justice pour demander un euro symbolique mais surtout pour que l'homophobie exprimée sur un terrain soit sanctionnée, à l'instar du racisme.
Son coming out, il y a cinq ans, n'avait pourtant provoqué aucune hostilité de la part de ses coéquipiers historiques. Les choses se sont gâtées lorsque de nouveaux joueurs sont arrivés à Chooz. "Certains ne supportaient pas de se doucher avec moi, les dirigeants ont pris leur parti", raconte Lemaire qui arrivait sur des matches pour apprendre que l'on avait "égaré" sa licence, ou se voyait rétrograder de l'équipe première sans motif sportif.
La situation est devenue paroxystique en mai 2009: un coéquipier profère des injures homophobes devant les caméras de France 3. Le club ne le sanctionne pas. Lemaire préfère s'en aller. Soutenu par des footeux homophiles, notamment le Paris Foot Gay, il écrit un livre ("Je suis le seul footballeur homo - enfin j'étais"), figure dans un document sur l'homosexualité dans le sport diffusé sur Canal +, au point de pousser la Ligue Champagne-Ardennes à s'emparer du dossier.
"J'étais lassé des proportions de cette affaire", explique Jean-Claude Hazeaux, président de l'instance régionale. "J'ai donc diligenté une conciliation. Après 2h30, le joueur qui avait insulté Lemaire a fait des excuses et le président de Chooz a accepté qu'il y refasse une demande de licence. Pour moi, le cas était clos."
C'était en juillet. Fin août, l'inattendue lettre de réponse a démoli Lemaire. Le FC Chooz refuse de le réintégrer afin "de protéger les deux parties. Il nous semble important, compte tenu de la passion encore sensible depuis les événements de mai 2009 et la médiatisation qui en a résulté, d'éviter de nouveaux incidents."
Tandis que le ministère de la santé et des sports s'intéresse de très près à son cas, que le Paris Foot Gay envisage de saisir la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations), Lemaire a du mal à se résoudre à attaquer Chooz en justice. "Pour gagner quoi? J'ai juste envie de jouer au foot, pas que les gars de mon village disent: "+Le pédé, il veut encore gagner du pognon" raconte le citoyen de Vireux, 2000 habitants, à 5 km de Chooz et ses 700 âmes.
"Depuis des années, on m'a fait des tas de coups, on a pété l'enclos de mes ânes", et l'un des dirigeants de Chooz l'a même menacé de mort sur Facebook.
"Faire changer les mentalités", devenir un exemple, c'est peut-être le destin du banni de Chooz qui s'inspire de la lutte contre le racisme dans le football pour nourrir son espoir. "Il y a des années, on pouvait injurier un black sans se faire sanctionner. Espérons que l'homophobie sera bientôt aussi punie."
Sur Internet :Yoan lemaire interview



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