16 octobre 2010

The town




Voilà qui devrait définitivement assurer le rang de Boston parmi les capitales du crime. Le titre du second long métrage réalisé par Ben Affleck se réfère à Charlestown, quartier populaire de la capitale du Massachusetts dont on apprend qu'il compte parmi ses habitants - en majorité d'extraction irlandaise - une proportion peu ordinaire de braqueurs de banques. Il paraît qu'il en


Cette sensation d'emprisonnement est en tout cas le ressort principal de ce thriller classique, élégant et énergique. Ben Affleck s'est réservé le rôle de Doug MacRay, chef d'une bande que l'on voit à l'oeuvre dès les premières séquences. Du beau travail, brutal, mais sans violence excessive. Sous les masques de caoutchouc, on distingue les caractères. L'un des braqueurs souffre manifestement d'hyperactivité, il tabasse un employé et finit par embarquer la jolie directrice de la banque (Rebecca Hall) le temps de semer la police.

Le garçon brutal s'appelle Jem (Jeremy Renner), il s'aperçoit bientôt que la banquière s'est installée à Charlestown. Il manifeste son intention de lui régler son compte. Pour limiter les dégâts, Doug prend l'affaire en main et se met à suivre la jeune femme dont il apprend qu'elle s'appelle Claire, juste avant de tomber éperdument amoureux d'elle. La fille ou les copains ? Le quartier ou la fuite ? The Town formule ces vieilles questions, les rend encore plus pressantes en faisant intervenir un agent du FBI tenace et sans scrupules (Jon Hamm).

Ben Affleck ne fait même pas mine de renouveler ces figures, vieilles comme les premiers films de James Cagney. Il essaie tout simplement d'en faire du cinéma, pour distraire, pour émouvoir, pour faire frissonner, comme au temps du Public Enemy de William Wellman (1931). L'acteur-réalisateur met le même soin à réaliser ses séquences de hold-up que ses personnages à planifier leurs méfaits. Le second braquage, pendant lequel les voleurs portent des masques de nonne, est particulièrement réussi, jusqu'à son dernier plan qui laisse la bande hors d'haleine face à un policier isolé, qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Cette dynamique de l'action, l'intensité de l'ambiance urbaine aident à faire passer la construction sommaire de certains personnages, l'opposition primaire entre Doug et Jem (en revanche, l'idylle est traitée avec une délicatesse plus convaincante).

The Town retrouve aussi l'esprit politique des films de gangsters des années 1930. C'est sans doute une question de cycles économiques. Après l'automne 2008, la compassion que l'on peut ressentir pour les victimes de Doug et sa bande - les grandes banques à succursales - s'est singulièrement émoussée. Et Jon Hamm est un candidat idéal pour ressortir l'archétype du policier obsessionnel qui finit par être le méchant de l'affaire. L'autre méchant, un fleuriste qui tire toutes les ficelles du crime à Charlestown, est interprété par Pete Postlethwaite (c'était lui le père dans Au nom du père). Son personnage occupe exactement la position de celui de Jack Nicholson dans Les Infiltrés, de Scorsese (également situé dans les bas-fonds de Boston), et l'acteur britannique en donne une version laconique, économe de moyens, mais aussi impressionnante que celle du monstre sacré.



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