21 octobre 2017

Intimité**

Intimité


Voilà on rencontre un mec, on le suit chez lui. On part à la découverte de son corps toute la nuit. On croit alors qu’il n’a plus de secret pour nous. On a aimé chaque parcelle de peau, chaque parcelle de notre corps se souvient du sien. On a son odeur inscrite sur la peau, au plus profond de nos narines et de la mémoire.
Toi qui m’a sourit hier au soir ; toi qui m’a emmené ici, dans cette tour de Beaugrenelle, Là au bout de mes doigts, tu es encore là, je peux te sentir et me souvenir de chaque moment de plaisir donné et reçu.
Et puis je suis là dans une salle de bains ; une salle de bains qui est la tienne. Une salle de bain où je me regarde dans cette grande glace qui est la tienne et où tu te regardes chaque matin. Et je m’aperçois que je ne sais rien. Je suis là parmi tes objets, dans ton intimité. Une serviette encore humide de la dernière douche prise, un tube de dentifrice tout écrasé sur le rebord du lavabo, une crème à raser.
Quelques comprimés de je ne sais quoi ; un peigne, une brosse où quelques cheveux sont resté accrochés ; un flacon d’eau de toilette presque vide.
Le panier à linge sale est là aussi sous le lavabo ; les chemises de la semaine, le slip et les chaussettes d’hier. Le slip que cet inconnu encore hier au soir, a porté tout au long de la journée, maintenant, compressant ce sexe que l’on a tant caressé il y a peu, qui nous a transpercé aussi... Je suis chez lui ; il m’a ouvert sa porte, il m’a offert son corps et pourtant, ici au milieu de ses affaires, je suis un intrus, il redevient un inconnu, je me sens voyeur ; c’est une intrusion. J’ai envie de prendre ce slip ; je le prends et le porte à mon visage ; je hume, je le hume, comme pour mieux le connaître. Je retourne vers la chambre.
Cette chambre du 24° étage de cette tour. La vue sur Paris encore endormi est superbe. Il est là endormi dans ses draps. Je le regarde un instant, je balaye du regard cette pièce où je l’ai aimé ; le désordre du lit, le désordre des vêtements éparpillés sur le sol, de ce bureau aux livres empilés. Je me sens bien. Je me glisse auprès de lui ou je file. Je file, je me rhabille, doucement, sans faire de bruit ; mes yeux s’arrêtent un instant encore sur cet horizon parisien qui s’éclaire doucement. Et puis la rue, la fraîcheur du matin qui point, la recherche d’un taxi.
J’ai gardé un souvenir de toi, je porte sur moi, non seulement ton odeur mais aussi le slip que tu portais, le slip jeté avec tes vêtements avant de me baiser cette nuit. Tu trouveras le mien quelque part sur ta moquette.
C’est le matin, je suis bien. Je ne sais pas ton nom, mais nous sommes encore si proches.


2 commentaires:

  1. Anonyme9:49 PM

    C'est écrit avec sensualité...j'aime!!

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  2. Beau texte, belle évocation. J'aime beaucoup la chute.

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