18 novembre 2017

Le "sagging pants"en voie d'interdiction aux USA


Après une demi-douzaine de municipalités de Louisiane, plusieurs grandes villes américaines vont interdire
le pantalon baggy: Atlanta (Georgie, sud-est), Baltimore (Maryland, est), et Dallas (Texas, sud). Motif : il est indécent !

Pour de nombreux leaders noirs américains, c’est une nouvelle mesure qui stigmatise leur communauté. Pour Wilhelmina Leigh, chargée de recherches au Centre des études politiques et économiques de Washington, un organisme de recherche sur les problèmes touchant la communauté afro-américaine, « ce sont toujours les mêmes qui sont visés ». «Les tatouages, les piercings, les coupes de cheveux punk font aussi partie de la culture de la jeunesse mais on ne fait pas de loi contre cela. Singulariser le port de pantalon "baggy" en revanche est clairement une façon de singulariser un type de population avec qui on a des problèmes", ajoute-t-elle. Elle aurait pu tout aussi bien mentionner le string apparent, les tee-shirts trop courts pour les filles ou les pantalons super moulants...

Mais les législateurs américains à l’origine de ces mesures affirment qu’ils ont voulu lutter contre les « gangs ». Par quel extraordinaire sont-ils arrivés à des textes de lois aussi délirants ? En fait, le baggy est issu de la culture « gangsta rap » des années 90 quand des jeunes noirs des Etats-Unis ont clamé leur solidarité avec les détenus. Car lorsqu’un homme entre en prison, on lui enlève sa ceinture, faisant tomber son pantalon. Idem pour les chaussures auxquelles on enlève les lacets. Patricia McDow, conseillère municipale à Yonkers (New York) va également présenter un amendement en conseil municipal « pour que les jeunes adultes comprennent l'histoire de cette tenue", affirme-t-elle. Impossible de l’accuser de préjugés culturels, elle est elle-même afro-américaine mais elle assure que "cette façon de porter ces pantalons vient du système pénitentiaire». «Nous voulons apprendre à nos enfants à refuser cette culture et être fiers de leur histoire", clame-t-elle. "C'est comme une prophétie qui se vérifie elle-même quand on sait que tant de jeunes Noirs finissent en prison après avoir imité la culture pénitentiaire que ce soit par les tenues qu'ils portent, la façon dont ils parlent ou ce qu'ils font", indique-t-elle.

André Kaspi est écrivain, professeur d’université, l’un des meilleurs spécialistes français des Etats-Unis.« Il y a deux éléments d’explication dans cette mesure : la première c’est qu’on ne
peut pas considérer que montrer une partie de son caleçon, c’est la signe de la décence... Donc, dans un certain sens, ça peut choquer les citoyens américains quelle que couleur qu’ils soient». « Le deuxième facteur d’explication, c’est que ces signes là ont pour but de renvoyer à des appartenances de bandes ou de gangs. Là, on est dans un domaine tout à fait différent. Il ne s’agit plus de combattre l’indécence mais les gangs». « C’est vrai que dans la communauté afro-américaine, les gangs sont nombreux. Ils jouent un rôle extrêmement important et, en fin de compte, ils sont directement responsables de phénomènes de violence. « Il ne faut pas interpréter cette mesure comme une mesure raciste dirigée contre la communauté noire. C’est une mesure qui vise à maintenir la paix publique ». « Lorsque les filles montrent leur string, c’est de l’indécence. Ce n’est pas le signe d’appartenance à une
bande. Lorsque les garçons montrent une partie de leur caleçon, c’est à la fois de l’indécence et le signe d’appartenance à une bande. Ce n’est pas tout à fait la même chose mais du point de vue de la moralité, il est tout aussi regrettable que les filles On se retrouve dans le même cas de figure sauf que pour les garçons, c’est beaucoup plus grave et ça entraîne un trouble à l’ordre public ».

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