16 janvier 2006

GOwest



L’arrivée à San Francisco par la route de Sacramento avait pour moi quelque chose de magique, de libérateur. Après avoir traversé, les Etats-Unis en quelques jours, seulement retardés par la tempête de neige de Laramie, la descente vers la mer après le passage des cols fut un vrai soulagement. Le climat tempéré, les gens qui de prime abord semblaient si cools, si bien dans leurs baskets, m’enthousiasmait. Y. se renfermait de plus en plus sur lui-même. Notre relation étant plus intuitive que raisonnée, plus passionnée qu’exprimée, je ne savais pas vraiment ce qui se passait en lui.
Y. ne parlait pas, jamais, on pouvait lire dans ses yeux, à travers ses gestes, mais pas par les mots.
Pour ma part, je tournais vite la page New-yorkaise et, déjà regardais l’avenir avec espoir, l’esprit déjà débordant de projets Y. lui, restait silencieux, trop silencieux.
Nous sommes allé voir des amis rencontrés à NYC et qui nous avaient proposés de nous héberger quelque temps.
Le bonheur : une petite maison en bois à Berkeley, des garçons et des filles qui passaient toujours à l’improviste, Le sourire aux lèvres, le joint aussi. Une caricature de la chanson de Le forestier !. Les années hippies n’étaient pas loin et Berkeley était et est sûrement encore plutôt habitées par les étudiants et les professeurs de l’université.
J’étais bien, déjà chez moi, Y. lui, voulait que l’on se trouve rapidement un appartement, comme pour fuir cette effervescence spontanée et bonne enfant des lieux. Peace & love !!
Notre installation à San Francisco n’a pas arrangé les choses. La petite maison louée à Mr & Mrs Aoki des japonais californiens, a été le prétexte pour Y. à s’enfermer totalement. Autant je me sentais dans mon élément avec des amis, des sorties, des découvertes, autant Y. restait cloîtré à la maison dans un mutisme chaque jour plus grand. Tout pourtant nous souriait, nous avions des amis, des voisins sympas et collants comme souvent les américains savent l’être. Très vite aussi, nous avons trouvé à travailler auprès d’un canadien qui nous a appris à faire du « roofing », recouvrir ces toits en terrasse avec des rouleaux de goudrons. Le travail ne manquait pas et était bien rémunéré. Plus je m’épanouissais, plus je me sentais à l’aise, ici à SF, plus Y. creusait la distance entre nous. Il ne me parlait plus ou presque plus, j’attendais la nuit et notre lit pour, à la chaleur de son corps, aux brefs frôlements sous les draps, nous imaginer des conversations, de la tendresse partagée.
Et puis, un matin, il m’a annoncé qu’il avait décidé de rentrer en France, pour voir sa mère. Oh ! Juste quelques jours, un mois tout au plus. Pour moi ce fut tout d’abord un soulagement ; j’avais envie de respirer un peu, ne plus me sentir gêné quand le téléphone sonnait pour nous (et très vite me proposer) des sorties des fêtes. Ne plus à chaque fois dire Y. est fatigué ou Y. n’est pas libre. Et puis a fur et à mesure que la date de son départ approchait, l’angoisse montait, j’avais le pressentiment qu’il ne reviendrait plus, qu’il me quittait. Je me sentais coupable, je ne savais pas de quoi mais cela me rongeait surtout qu’il éludait systématiquement toute tentative de discussion.
Le premier soir après son départ fut terrible, je restais toute la nuit à comater devant la télé et ses multiples séries débiles du fond de la nuit.


Y me hante encore , Y me hante encore 2, Y me hante encore 3
NYC "1" ,NYC "2" ,NYC "3" ,NYC "4" ,NYC "5"



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