28 février 2010

L superbe



je l'écoute en boucle; d'abord parce que c'est un grand moment de musique, de riches orchestrations , d'accompagnements originaux,.. les paroles sont "superbes",.. bref un grand disque.




La liberté de la fesse (merci à tbiet pour son article)

Alors que les Sciences Po Paris venaient de lancer leur revue sexy qui a fait jaser – L’Imparfaite (une revue érotique pour pervers de toutes obédiences), il fallait bien que les lillois ripostent à leur façon. On peut considérer que c’est chose faite, avec La Liberté de la Fesse. Tout commence avec des 3ème année partis "érasmusser" vers d’autres contrées lointaines... Pour garder contact avec les copains, pas de carte postale, mais une photo et un beau paysage qu’on poste sur Facebook. Attention, pas n’importe quel cliché de touriste ! Sourire gencive et chapeau de paille : non merci. L’idée est plus recherchée que ça (hey ho, c’est Sciences Po). Il faut poser les fesses à l’air, et pas dans n’importe quelle position. Il ne s’agit pas de s’exhiber à 4 pattes avec une plume dans le derrière, mais de prendre une pose artistique et toujours la même : la pose D.I.S.C.O. Jambes légèrement écartées, main droite sur la hanche, l’autre qui pointe vers la lune et ce, quoi qu’il arrive.

Le trip a la cote et un véritable mouvement est né. Tous les étudiants de l’IEP de Lille veulent eux aussi partager leurs beaux paysages. Les 4 jeunes gens, à l’origine du mouvement décident alors de répertorier toutes les photos sur un site : "La liberté de la fesse". On peut donc y faire le tour du monde en passant par l’Allemagne, l’Afrique du Sud, l’ Australie, on s’arrête sur un rocher en Namibie et on finit les pieds dans la neige aux US. Notons quand même que c’est une tâche bien périlleuse, puisque certains ont dû passer par la cellule de dégrisement, en attendant qu’une bonne âme leur apporte un caleçon. Et non, c’était pas chez les prudes Américains ou chez les Chinois, mais dans notre douce contrée, la France. Si, si.




N’essayez pas d’y trouver un message caché, il n’y en a pas. En tout cas les petits malins ont bien compris que le cul rapporte des clics. Pas moins de 15000 visites par mois et des centaines de clichés, dont pas mal qui en valent le c… le coup (facile). Ne soyez pas jaloux, si vous aussi l’envie vous prend de montrer votre assise à la terre entière, vous pouvez envoyer vos clichés, ils seront peut être publiés dans la catégorie " prix du Jury ", qui regroupe les meilleures prises. Évidemment, il faut savoir montrer son cul sur fond de paysages incongrus !





La charte su mouvement : La patrie, l'honneur, la liberté, il n'y a rien, l'univers tourne autour d'une paire de fesses : Jean-Paul Sartre. Mouvement né spontanément parmi les étudiants de Sciences Po Lille, la Liberté de la Fesse a fédéré par son principe simple et audacieux : poser nu devant les plus beaux paysages du monde ou les lieux les plus emblématiques, et ce, toujours dans la même position, devenue notre marque de fabrique. Nous espérons que vous aimerez le tour du monde que nous vous proposons, à moins que vous préfériez voir directement nos prix spéciaux. Et n'oubliez pas, sans une fesse libre, aucun combat ne peut être entendu. La Liberté de la Fesse est ouverte à toute participation extérieure. Pour paraître sur le site et être récompensé au début du mois. Seules les photos respectant la pose emblématique seront publiées.

Ils ont fait l'objet d'un reportage-interview sur LCI, voir vidéo ci-dessous.

Le site internet de " La liberté de la fesse " : Here/Ici

bouquins

"Un soupçon légitime" 

est une petite perle retrouvée, un "inédit". C'est un court roman ou une longue nouvelle, genre habituel chez Zweig, qui raconte l'histoire d'un homme, John Limpley, expansif dans tout ce qu'il est, vit et ressent. Il s'installe dans la campagne anglaise avec sa femme, par opposition très calme voire effacée. Cette attitude exacerbée va peu à peu agacer les voisins avec qui il a noué des liens d'amitié. Pensant l'apaiser, ou du moins canaliser cette énergie ils vont lui offrir un chien, Ponto. Adulé par John, le molosse se transforme en tyran jusqu'au jour où l'amour inconditionnel que son maître lui voue est détourné et porté sur son enfant à naître. Nous avons là tous les éléments d'un drame annoncé. La brièveté du récit rend la tension encore plus palpable. Zweig nous offre encore dans ce roman une analyse psychologique fine de ses personnages au service d'une intrigue qui met en lumière les conséquences dramatiques que peuvent avoir l'obsession et l'exacerbation des sentiments. Une vraie friandise à déguster sans modération

bouquins

 LAlégendedenospères-sorjChalandon

Qu'est-ce que le devoir de mémoire? Comment léguer à nos enfants des souvenirs qui ne sont pas forcément les nôtres mais que l'on ne doit pas oublier? C'est cette question qu'instille Chalandon dans son nouveau roman. Une jeune femme contacte un biographe afin de retranscrire dans un ouvrage les actes de bravoure de son père. Mais au fil des rencontres entre le vieil homme et l'écrivain, le doute s'installe dans l'esprit de ce dernier: ces événements ont-ils vraiment eu lieu? N'était-ce pas seulement des histoires racontées le soir à une petite fille? Ancien journaliste, Sorj Chalandon nous livre un roman superbe, écrit de main de maître. Le ton est juste et l'émotion au rendez-vous. Un roman à lire et à faire lire... Pour ne pas oublier?

27 février 2010

Antoine,




IDM, n’est sans doute pas mon lieu favori. J’avoue préférer aux rencontres de sauna, les rencontres de la « vie » ; j’entends par là, les rencontres sur lesquelles on peut mettre un nom, un corps. Quelques fois aussi de la substance, la substance de deux vies qui se sont croisées ; uniquement certes, mais qui ont échangé, partagé. Le sauna, c’est bien quand on est pressé, quand l’envie vous prend. Pour assouvir des penchants difficiles à assouvir par ailleurs. Moi, c’est me montrer, m’exhiber. J’aime que l’on me voie en pleine action, j’aime faire entendre mon plaisir. J’aime sentir les regards, les mains aussi qui se posent sur moi, essayant de grappiller un peu de mon plaisir, un peu de moi.
C’est pourquoi, je ne comprends pas très bien, ces soirées prétendument « naked ». moi, j’aime à me balader nu sans serviette ; j’aime à sentir ma queue balancer librement sous le regard des « autres ».
C’est dans cet état d’esprit que j’ai rencontré Antoine. Tandis que je paressais tranquillement dans le gigantesque Jacuzzi du sous-sol, des mains allaient et venaient sur mes cuisses, timidement tout d’abord, et, tandis que je ne donnais aucun signe d’encouragement ni d’énervement,  plus insistantes très vite. Cela venait sans aucun doute de deux « vieux » en face de moi que j’intéressais visiblement beaucoup.
Bien entendu, ils se sont rapprochés, très souriants, très sympathiques, très..excités !
Les caresses étaient douces, je me laissais porter par  le tourbillon de l’eau, par leurs mains expertes, par les paroles excitantes susurrées à mes oreilles. Tandis que tout à tour, l’un me portait pour que ma queue bien dressée maintenant s’extraie de l’eau, l’autre me suçait voluptueusement. C’était bon, c’était délicieusement bon.
Antoine est entré dans le bain ; je ne savais pas encore qu’il s’agissait d’Antoine ; à cette heure, c’était juste un visage avenant avec un joli bouc et  un corps plutôt maigre et d’une belle blancheur opalescente.
L’un de mes deux compères ayant remarqué mon regard lui fit un signe pour l’encourager à partager avec eux le jouet que j’étais devenu.
Il s’est approché, m’a regardé un instant puis après un sourire délicieusement indéfinissable a  le plus gentiment du monde posé ses lèvres sur les miennes. Doucement, voluptueusement, il m’embrassait et léchait le visage, tandis que ses mains partaient à la découverte de mon corps, tandis que d’autres s’activaient sur ma queue.
C’était étrange, j’étais parti pour une bonne baise et me voilà en train de m’emporter dans une irrésistible vague de volupté avec un gars tout en douceur, tout en délicatesse. J’aimais son corps, si léger, si doux ; j’aimais ses fesses si fermes et tout en muscles. J’aimais son trou du cul que je violais longuement du bout de la langue tandis que « les autres » s’occupaient de mon sexe et du sien. C’est le visage entre ses mains, couverts de doux et éphémères baisers, c’est mes yeux dans ses yeux, que j’ai joui, explosant dans la gorge d’un autre, pour le plaisir de tous. C’est en explorant son cul que j’ai senti les muscles se raidir, a tension des instants juste avant, juste avant la libération.
Comme toujours. La foule s’est dispersée ; il n’y avait plus rien à voir, plus de spectacle. Nous sommes restés un moment encore a nous caresser, nous sourire, nous becquotter gentiment.  Puis, nous sommes sortis nous doucher, échanger nos numéros de téléphones. Bien sûr tu m’as rappelé, bien sûr je n’ai pas décroché. Tu n’as plus insisté depuis.

26 février 2010

concert

En deux concerts, le chef a balayé les réserves sur son mariage artistique avec le Philharmonique de Berlin.


Simon Rattle a coutume de comparer l'union d'un chef et d'un orchestre à un couple : le cap difficile est celui de la septième année. Cela fait maintenant huit ans que le chef britannique est directeur musical du Philharmonique de Berlin et, malgré les tensions et les critiques, les musiciens ont renouvelé son mandat jusqu'en 2018. On comprend pourquoi, après avoir entendu les deux concerts qu'ils ont donnés vendredi et samedi à Paris, Salle Pleyel : deux moments de griserie orchestrale sans équivalent.
Avec la Symphonie n° 2 de ¬Sibelius, l'une des premières œuvres que le jeune Rattle enregistra voici plus d'un quart de siècle, le premier concert montre ses affinités avec le compositeur finlandais : loin de toute enflure tchaïkovskienne, une vision claire et cursive, qui va droit à l'essentiel. Le son incroyablement dense et charnu de l'orchestre, littéralement propulsé par le pupitre de contrebasses qui en est encore et toujours le leader, ressemble parfois à une vague déferlante : chauffé à blanc, le finale culmine sur une coulée de lave qui soulève musiciens et auditeurs de leur siège. En première partie, Mitsuko Uchida avait hypnotisé par un Quatrième Concerto pour piano de Beethoven très personnel, marqué par une grâce mozartienne et un toucher aérien qui donnent une idée de ce que doit être l'apesanteur.

still thinking




une sacrée collection d'images; à consulter d'urgence

22 février 2010

videoGAYmes



L'homosexualité dans les jeux vidéos a franchi une étape supplémentaire! Voir ici une scène de sexe entre un homme et… un elfe, dans le nouveau jeu "Dragon Age". Dans la famille des jeux vidéos, on avait déjà: des couples de même sexe, et même leur mariage, dans Les Sims, la tortueuse vie sentimentale et professionnelle d'un patron de discothèque gay dans The Ballad of Gay Tony, la suite de GTA 4... Mais on n'avait pas encore assisté à une scène de sexe gay, la manette entre les mains. C'est maintenant chose faite ! La scène se passe dans Dragon Age: Origins, un jeu héroic fantasy sorti en France il y a quelques jours. Et elle se déroule entre un homme, le héros du jeu, et un elfe.

15 février 2010

Ils passent,........



Et puis, aussi. Tous autant que vous êtes, tous (ou presque) je vous ai aimé, intensément. Quelques fois même violemment. C’était de l’amour, je le jure. Et tout cela se dissipe, s’effiloche, disparaît au fond de la mémoire.
Figer les instants. C’est futile ? Peut-être. Mais est-ce futile de vouloir conserver vivant, présent, ces tranches de vie, ces preuves d’existence.
Chaque ébat est unique. Après, après quand la nuit est encore là, quand les vêtements sont encore éparpillés sur le sol, les draps en désordre, tout est encore imprégné des miasmes. De la nuit. Ces senteurs intenses et musquées, ces effluves pénétrants. Intimes secrétions de l‘amour, de la passion ; mélanges subtils de sueur, de sperme et de merde. Tenter de les emprisonner dans un précieux flacon, ces atomes précieux, uniques. Pour un jour, lentement les libérer. Libérer enfin ces aromes subtils et ainsi retrouver quelques instants de toi. Toi, Valentin, toi Antoine, toi Bruno,….
Est-ce futile ?

14 février 2010

Ils passent

Ilspassent,........

Ils passent, ils passent nos mecs de rencontres. qu'en reste t-il? que reste t-il de Valentin, mon adorable roux d'il y peu, d'Antoine le dernier en date, rencontré chez IDM et dont je n'ai pas encore parlé ici. Que reste t-il de ceux dont je n'ai même pas demandé le prénom. Pourtant, pour beaucoup, le plaisir, l'émotion furent au rendez-vous. Pour certains, j'ai, nous avons eu du mal à séparer nos corps, nous avons eu du mal à nous quitter, pour d'autres, départs furtifs, regards gênés au petit matin. que reste t'il donc. Souvent, un grain de peau, souvenir diffus au bout de mes doigts, des regards volés par le plaisir, des abandons, des effluves intimes enfin, qui longtemps s'accrochent à ma mémoire. Mais, doucement, sûrement, le temps efface, ces souvenirs, ces sensations éprouvées. Doucement donc, ces être rencontrés, croisés, aimés oui aimés quelques instants de solitude en moins, deviennent évanescents, une ombre dans ma mémoire; ont-ils existé finalement. Si j'osais, si j'osais, je leur demanderais de poser pour moi, comme ça, juste avant ou juste après.. si j'osais, si j'osais, j'essaierais de les immortaliser en douce, quand ils ne s'y attendent pas, dans ces moments où juste avant où juste après on se prépare ou on se douche, ou on se déshabille ou on se rhabille. déjà, je l'avoue, quelques fois, je garde pour moi des souvenirs d'eux. Quand l'émotion fut intense, quand il n'est pas possible de se revoir -d'ailleurs il n'est jamais possible de se revoir- il m'est déjà arrivé, vous le savez, de subtiliser un t-shirt ou mieux un boxer, un slip ou un caleçon. Si possible celui qu'il portait ce soir là. Mais jamais, jamais, il ne me reste, le regard, l'étonnement, la curiosité, l'inquiétude, le désir inscrit à la commissure des lèvres. ces images s'estompent, disparaissent et laissent, in fine la place à un peu d'amertume, de regret qui lentement se stratifie.

13 février 2010

concert


«Jules César» de Häendel à Pleyel

une distribution éblouissante.

Au fond, ce Jules César conduit à des interrogations d'ordre… sociologique. Jouer en pleine semaine à Paris un opéra qui dure quatre heures sans compter l'entracte, en commençant à 20 heures pour sortir à 0 h 40, est-ce tout à fait adapté au rythme de vie d'une grande ville où le dernier métro est à 1 heure du matin et où les horaires de travail sont exigeants ? Quand l'Opéra de Paris monte un Wagner ou Saint François d'Assise, la représentation débute à 18 heures. Cela dit, soyons honnêtes : le public était tellement captivé par ce concert et sa distribution éblouissante qu'il s'est même payé le luxe d'ovationner les artistes à la fin, oubliant la correspondance de toute façon déjà manquée. C'était vraiment une soirée de haut vol, quoique pas tout à fait exempte de reproches. Parmi ceux-ci, le côté fastidieux de la version de concert pour un opera seria, succession d'airs dont on perd la cohérence sans mise en scène. Un peu figés pendant la première partie, les chanteurs se lâchent après minuit. On n'oubliera pas le numéro hilarant de Christophe Dumaux mimant la mort de Ptolémée.Autre motif de frustration parfois : la direction suprêmement élégante de William Christie, avec des Arts Florissants merveilleusement sonnants, manque parfois de nerf et d'ironie. Si elle évite le théâtre, elle se met tout entière au service du chant. Et quel chant !
Perfection, émotion
S'en tenant prudemment au rôle de Cléopâtre pour éviter la tessiture meurtrière du rôle-titre (qu'elle pourrait chanter, on en mettrait la main au feu), la Bartoli fait son festival : à la limite de la minauderie dans ses attitudes, elle donne une leçon de bel canto, la technique souveraine le disputant à l'intelligence des couleurs et du mot.
Mais voilà que Philippe Jaroussky, peut-être stimulé de chanter à côté de son idole, lui volerait presque la vedette : il a été le premier à obliger le public à rompre l'interdiction d'applaudir entre les airs (pour ne pas rallonger la soirée !) tant son chant relève de la perfection du goût et du legato, avec l'émotion en prime. Parfaite complémentarité avec Christophe Dumaux, contre-ténor plus dramatique et corsé, en parfaite adéquation avec son personnage : encore un coup de chapeau, tout comme au jeune Rachid Ben Abdeslam, encore un contre-ténor, encore une sacrée présence. Déception en revanche avec la voix sourde et toujours un peu artificielle de Nathalie Stutzmann, et mission quasi impossible pour un Andreas Scholl éclipsé car le rôle-titre excède les moyens actuels, ce qui ne retire rien à une musicalité toute en délicatesse.

08 février 2010

rugby





Je ne suis en aucune façon passionné de rugby. je m'intéresse assez peu au sport où e tous cas au sport spectacle. Mais ce mec là, vous ferais aimer le port, quel qu'il soit d'ailleurs. en l'occurrence c'est le rugby! Un visage comme cela!

07 février 2010

concert


« Elektra » de Strauss à la Monnaie(BXL)

Distribution de Luxe et intelligence scénique: Koenigs et Joosten pour « Elektra » à la Monnaie. Gorgée de terreur, de douleur, la sauvagerie surgit de l’orchestre, vous cloue au fauteuil, noue vos tripes... et vous laisse pantelant, bouleversé.




Lothar Koenigs a lâché ses fauves de l’orchestre de la Monnaie, éblouissant et moteur tragique de la partition de Richard Strauss. Mais ses instrumentistes, il les dompte aussi vite qu’il les pousse au déchaînement. Il y a eu, à la première de cette Elektra à La Monnaie, des élans suspendus, des pages d’une transparence et d’un lyrisme sensuel, beaux à pleurer, qui humanisaient les pulsions noires des Atrides (Mad du 13 janvier).
A l’unisson de ce déferlement texturé et structuré, la distribution (1) réunissait des voix exceptionnelles, et parmi elle, l’Electre de l’Allemande Evelyn Herlitzius. Puissante, ample, elle affronte les vagues de l’orchestre. Corsée, colorée, elle chante (et non crie, dans la mesure du possible) les rages d’Electre. L’opulence de son soprano peut se fondre dans une sensualité, un désespoir qui, en miroir, rend ses imprécations plus glaçantes. Cette voix-là, nourrie autant de haine que d’amour, Evelyn Herlitzius la domine d’un bout à l’autre, dans une progression très construite, jusqu’à l’anéantissement.
Face à cette hallucinante Electre, la féminité, la lumière, la pulsion de vie de Chrysothémis s’incarne en Eva-Maria Westbroeck, rien de moins! La soprano néerlandaise mêle avec un art irrésistible la souplesse rayonnante et l’exaltation, les éclats qui revendiquent le refus de l’engrenage de la violence. Des duos magnifiques! Et la Clytemnestre de Doris Soffel est tout aussi riche de contrastes, sans lourdeur expressionniste, mais sombre et véhémente, pitoyable et terrifiante. Très belle présence vocale de l’Oreste au lyrisme contenu de Gerd Grochowski, aux cotés de Donald Kaasch (Egysthe), de Franz Masura (le précepteur d’Oreste) et des servantes.

Images fortes

Un tel plateau ne suffit pas à la réussite d’une production lyrique et l’intelligence de la mise en scène de Guy Joosten en est un atout essentiel à Bruxelles, en osmose avec la partition, parfois en dissonance avec le texte littéral. Peu neuve, mais efficace, la scénographie étagée de Patrick Kinmonth oriente l’opéra vers la période fasciste, à l’arrière d’un palais déglingué entre vieux fûts et poubelles.
Electre se terre sous un mirador, sur une méridienne. Plus intéressante est sa vision, qui fait de l’héroïne une future Clytemnestre, et de Chrysothémis une potentielle victime exclue du palais quand Oreste prend le pouvoir après le meurtre de sa mère et d’Egysthe. Autour de cet axe, tout s’organise avec une cohérence implacable de chaque détail à la fois dans le champ du pouvoir, de la tragédie antique et des « arrières-cours » psychanalytiques: gestes en effet de miroir, rires croisés d’effroi et de joie libératrice, rapprochement de deux valises, l’une d’Electre contenant les souvenirs militaires d’Agamemnon et la hache sacrificielle, l’autre avec les bijoux et la poupée de sa sœur.
Et si Oreste tue de ses mains, Electre plante de la même manière la hache dans la porte. Traversées d’images fortes (l’apparition de Clytemnestre à la manière de Sunset Boulevard, baiser incestueux sur monceau de cadavres, etc), l’Electre de Joosten ne meurt pas au paroxysme de sa danse finale, mais sur les genoux de son frère. « L’Amour tue mais on ne peut pas mourir sans avoir connu l’amour », chante-t-elle.

06 février 2010

concert


Staatskapelle de Berlin & Barenboim pleyel

il nous a bien eus en effet, ce vendredi 5 février à Pleyel, où avait lieu le premier des trois concerts donnés avec la
Staatskapelle de Berlin, dont il est chef à vie depuis 2000. En trois jours, voici présentée l'intégrale des concertos pour piano de Beethoven, qu'il joue et dirige du piano, et Quelques oeuvres de Schoenberg - le 5 février, les Cinq pièces pour orchestre op. 26.
Le piano, tourné face à l'orchestre, laisse le musicien de dos. Va pour le Premier Concerto. Passé l'introduction, qu'il dirige debout, coincé entre tabouret et clavier, Barenboim est d'emblée au four et au moulin. Plus qu'une performance, nous voyons un performer, tant les mouvements s'enchaînent souplement.
Le spectacle est fascinant : voir se lever une main gauche impérieuse à l'adresse des vents pendant que la droite finit un trait sur le clavier, la droite souligner du poignet une inflexion dynamique aux cordes alors que la gauche vient de s'abattre sur le clavier. On ferme les yeux. Toute la musique est pourtant là, généreuse, vivante, naturelle. Le jeu est clair, dense, classique, au sens noble, ni clinquant ni fausse modestie.
CADENCE VIRTUOSE
Changement de plateau pour Schoenberg, qui nécessite un instrumentarium beaucoup plus important voire impressionnant. Barenboïm a pris la baguette. Il dirige par coeur et avec coeur une musique incandescente et grave, qui mêle aux plages comme hébétées de solitudes des stridences hystériques. Il tisse de fines diaprures scintillantes que recouvrent de grands ressacs mélodiques. Chaque instrument est traité comme un personnage et Barenboim passe avec une aisance déconcertante à ce monde en déconstruction.
Le programme a prévu pour terminer le Quatrième Concerto, celui qui fait si peur à sa consoeur Martha Argerich. Peut-être parce que c'est le piano qui commence, tout seul, le temps de quelques accords. Quelque chose s'est épaissi, trame, texture, tempo. Il faut plus d'énergie encore pour être omniprésent. Mais Daniel Barenboïm s'en amuse apparemment, prenant même l'orchestre à témoin le temps d'une cadence virtuose qu'il s'octroie avec jubilation dans l'"Allegro moderato" introductif. Dans le mouvement lent central, le "chef-piano" opposera la véhémence d'un orchestre contempteur à l'introversion du clavier chambriste.
Magnifique, le progressif démantèlement de la violence par la douceur. De même le passage subtil du murmure à l'explosion vitale du dernier mouvement comme ivre d'elle-même. Et le public subjugué d'applaudir le grand musicien certes, mais aussi l'homme Barenboim, unique, indispensable.