30 mars 2010

Intimité partagée




Quand devient-on un « couple », combien de temps faut-il pour s’accepter tels que l’on est. Accepter les silences sans craindre du « rien à dire », les matins ronchons où mieux vaut ne rien dire ou simplement comprendre et câliner, les bouches pâteuses, les slips et les chaussettes sales qui traînent sur le parquet. Et puis aussi, les pt’it déj derrière les nouvelles du jour, les soirs où tu te couches avec ton slip de la journée (même que des fois il est à l’envers !) , alors que tu sais que je n’aime pas cela, alors que tu sais pertinemment que j’aime que l’on dorme nus. Quand devient-on un couple ? Quand tout cela ne compte plus, quand tout simplement, il est lui, et que c’est comme cela qu’on l’aime, avec tous ces petits défauts et plein d’autres, tellement pleins d’autres merveilleux moments. Là effectivement on est un couple. Un couple qui s’aime.

29 mars 2010

Lenouveaustagiaire





Tu n’es pas beau. L’air plutôt échevelé, l’air de sortir du lit même en plein milieu de l’après midi. Tout étroit des épaules et de partout d’ailleurs dans ton costume Zara à la veste trop courte. L’air aussi de raser les murs quand tu croises quelqu’un dans les couloirs. C’est sans doute ton premier stage, ta première mission dans une grande entreprise et tu es encore mal à l’aise dans ton costume. Mais ton cul, ton cul…
Tu as un cul de jeune fille ; des fesses qui montent très haut et particulièrement séparées. Tellement séparées que la couture de ton pantalon te rentre bien dans les fesses. Alors, je me prends à fantasmer sur toi. Quand je passe devant ton bureau, je ne puis résister à jeter un coup d’œil, voir ce que tu fais. Mais, finalement tu n’as pas beaucoup d’intérêt assis là derrière ton bureau, les yeux rivés sur ton écran. C’est debout et de derrière que tu m’excites.
Je m’imagine entrant subitement dans ton bureau, fermant la porte à double tour puis te collant les mains au murs pour te désaper et admirer ton cul et surtout tes couilles que j'imagines bien entendu bien pendantes et bien visibles de derrière. Toi bien entendu, tu te laisseras faire.
Alors je m’approcherai, je humerai, je caresserai ta peau ainsi libérée pour enfin fourrer mon visage dans cette raie si accueillante tout en palpant tes valseuses pour mieux, très bientôt, les manger…
On peut rêver !!

Croire, Espérer, Aimer




Je suis Chrétien, je ne sais pas trop ce que cela veut dire mais je suis Chrétien. Ne me demandez pas d’aller à la messe tous les dimanches, de vénérer ou tout simplement respecter l’Eglise, ça je ne le pourrais pas ! Mais comment le pourrais-je quand on la voit, quand on les voit, depuis des siècles protégés par les précieuses soieries, du fond des ors des cathédrales, chaque jour un peu plus désertées, quand on les vois, donc un peu plus s’éloigner du message du Christ, si simple, si entier qu’il englobe tout, définit tout : « aimons-nous les uns les autres ».
Oui, finalement, Chrétien des premiers jours, fidèle à la plus simple, la plus claire des déclarations. Suis-je seul, sommes-nous si clairsemés ? je en sais. Ce que je vois par contre maintenant, ce sont les croix de toutes sortes arborer les poitrines de garçons et de filles. Est-ce juste un phénomène de mode ? Une croix, une étoile, une dent de requin, juste un objet d’ornement ? Où est-ce, un signe, l’expression non formulée encore du besoin de se rassembler, du besoin de partager le message simple de Jésus.
Nous verrons bien !

28 mars 2010

rainy sunday (suite)

  Ils sont beaux, ils le savent, ils s'expriment, ils se montrent!

rainy sunday (suite)

Prisonnier de son désir, irrépressible, inassouvi, prisonnier, offert.
Voluptueuse prison.
  

rainy sunday

Il pleut sur Paris, un jour à aller au cinéma, à laisser défiler de belles images devant nos yeux fatigués.
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Magie, sensualité de l'eau. Les gouttes ruissellent sur le visage, le torse. Voluptueuse fraîcheur, voluptueux instants.




Magie de l'eau, force indomptable de l'eau, source de vie et de destruction aussi



Magie des corps qui mordent la poussière. magie du mouvement qui encence la terre. Magie de la danse qui nous emmène au plus profond des sentiments, au plus profond de nous même. Au plus profond de la souffrance. Souffrance magnifiée.

Dimanche matin






Voilà, on a fait la fête hier au soir. plein d'amis, des rires, du vin, de l'amitié; plein d'amitié. chaleur humaine, chaleur vitale. cela fait du bien, cela nous aide à vivre, à croire en l'avenir, à croire en soi, aux autres. Alors ce matin, on se réveille sous un ciel parisien bien triste, bien pluvieux. Mais tout va bien car on a à ses côtés, l'homme qu'on aime, l'homme qui occupe mes jours et mes nuits. bien sûr, il n'est pas parfait, ce n'est pas, bien sûr pas, cette petite merveille photographiée ici. il n'a pas ce corps simplement parfait, ce sourire si doux, si sûr de soi. mais c'est le mien. c'est mon mec.

25 mars 2010

Soon, very Sooon N.Y.C.


Bientôt , très bientôt, je vais pouvoir de nouveau traîner mes basks dans les rues de Manhattan, des heures et des heures à user les semelles sur le bitume défoncé, à traverser des rideaux de fumées chaudes enveloppantes. Des heures à croiser, dévisager le NYC citizen; black, jaune, WASP, hispanique, aux vêtements, accents improbables.
je regarderai tomber la nuit en buvant une bière, pier 17, juste pour le soleil qui s'éteint doucement sur le Brooklyn Bridge, juste pour pour les milliers de "loupiotes" qui s'allumeront une à une. Magie de la cité, magie de la reine des cités.
Et puis la nuit m'emportera. tourbillon de musiques, tourbillons de mecs déjantés, allumés. Peut être tendres, peut être envoûtants.
Et puis les froids petits matins en route vers mon refuge: rues en noir & blanc inondées de lumière ou encore cachées dans une pénombre glaciale.
Et puis mon refuge, chambre quelconque dans un hôtel forcément quelconque. Seul ou accompagné. je m'endormirai dans cette aube d'un nouveau jour, bercé par le cliquetis du climatiseur et du voisin ivre de la chambre d'à coté.
I luv NYC


22 mars 2010

Domenica



Le soleil point son nez. Enfin, on peut flemmarder au lit le dimanche matin ; se tourner et retourner dans les draps. Somnoler tout en se lovant, tout en se blottissant contre le corps chaud et doux de son compagnon. Juste un long et délicieux moment de volupté. Laisser le chat s’impatienter et réclamer sa pitance en passant et repassant sur mon visage. Se frottant tout en ronronnant. Puis, énervé, chercher un doigt de pied qui dépasse et le mordiller gentiment. Ces matins là, ces matins qui fleurent bon le printemps, on sait que l’on va rester longtemps, longtemps à réduire le monde entier, l’univers, à ce lit baigné de lumière ; toi, moi, le chat.
Une éternité lovés l’un contre l’autre, une éternité de caresses échangées, de sourires, de chatouilles coquines et de douceur partagée. Une éternité à nous admirer l’un et l’autre somnoler.
Bien sûr, je devrai me lever pour nourrir le chat, pour qu’il nous foute une fois pour toutes la paix, pour qu’il nous laisse enfin nous embraser par nos caresses, nos baisers, nous perdre dans le monde merveilleux de notre lit.

20 mars 2010

Adieu Triste Amour


Je confesse qu'il me faut du temps De tendresse je n'en attendais pas tant La détresse te va comme un gant Je te laisse pour un long moment Rien dans ce monde ne me retient Bonne journée, Adieu Triste Amour Pense à moi un peu moins chaque jour Adieu Triste Amour Adieu Triste Amour Ma jeunesse ne fout pas le camp Dans l'ivresse tout est mieux qu'avant Chaque seconde me revient Bonne journée, Adieu Triste Amour N'oublie pas que c'était nos beaux jours Loin des remparts de la prison Regarder l'arbre, n'y voir qu'un tronc Un tronçon d'âme moribond M'appelle au calme à la raison

MasculinSingulier





Sans commentaire, juste envoûtant ; terriblement sensuel





14 mars 2010

A la dérobée





Je mate. Je mate sans arrêt. Je scrute, je hume, pas toujours discrètement sans doute, les dizaines de visages, de corps croisés chaque jour, au hasard des rues. Je capte vos gestes, élégants, masculins, subtils ; vos sourires discrets, gênés, tendres. Je guette la petite ride qui se forme à la commissure de vos lèvres, les « pates d’oies » qui accompagnent vos contrariétés. Instants volés, instants d’intimité non partagée.


J’ai envie quelques fois de vous de vous arrêter, vous connaître ; vous dire  - je vous aime, nous avons des choses en commun, à nous dire, à partager. J’en suis sûr –


Mais bien entendu, je passe mon chemin, déjà vous êtes loin, déjà un autre visage, d’autres ondulations  de corps m’accaparent.


Même si quelques fois, quelques fois quand même, des regards se croisent, et se fixent l’espace d’un instant ; sans hostilité, de la curiosité oui, de l’étonnement aussi. Et quelques fois aussi, on voit passer, juste un instant, fugace, incertain, l’envie d’aller plus loin. Le désir de connaître l’autre. Quelque chose de partagé, juste un bref, très bref instant.


Après des regrets ; regrets de ne pas s’être arrêté, regrets de ne pas avoir tendu la main.


Regrets de passer son chemin.

bouquins

 Lameilleurepartdeshommes

Le sida, c'est son idée. Rien d'impérieux. Disons qu'il y est arrivé par déduction. Tristan Garcia, 26 ans, cherchait un biais pour évoquer la décennie 80. Celle des luttes, des crises et des éditos engagés dans Libé. Or à l'époque, ça semble se passer là, chez les militants homos et dans les rangs d'Act up. En 1981, Barthes meurt et le sida naît. Libre à l'auteur d'y voir un symbole. D'un côté, celui du déclin des intellectuels. De l'autre, celui d'un nouvel activisme, via les associations. Ensuite vient l'épineuse question de faire entrer tout cela dans un roman. L'important, c'est d'oser, de « s'emparer de l'histoire récente comme le font les romanciers anglo-saxons » et de sculpter, au final, une fresque brillante et cultivée avec des personnages que l'on croit reconnaître à chaque page (Guillaume Dustan, Didier Lestrade, Finkielkraut...).

La Meilleure Part des hommes est un premier roman d'une ambition féroce, sorte de Bret Easton Ellis rive gauche qui dégoupille la question du bareback — la transmission volontaire du sida — entre deux portraits d'intellos parisiens fatigués de leur propre néant. Moralement, Garcia ne tranche pas. Il compare la passion qui jaillit des pratiques SM à celle qui vacille dans les discours de Glucksmann, esquisse une fin ambiguë, à l'image des séries américaines qu'il apprécie. Car sa culture ne s'arrête pas à Tel quel. Ses connaissances de normalien ne sont qu'un tremplin pour le reste. Les mangas (Tezuka, surtout), les films (Cimino, Altman) — il a loupé deux fois l'oral de la Femis, s'est rabattu sur l'école documentaire de Jean Rouch — et les séries HBO (« Une série comme Six Feet under doit remettre les romanciers en question, comme le cinéma l'a fait avec ceux des années 40, de Sartre à Dos Passos. »)

13 mars 2010

Toujours à l'ecoute de LAsuperbe!





Si tu aimes les soirs de pluie
Mon enfant, mon enfant
Les ruelles de l'Italie
Et les pas des passants
Eternelle litanie
Des feuilles mortes dans le vent
Qui poussent un dernier cri
Crie mon enfant

Si tu aimes les éclaircies
Mon enfant, mon enfant
Prendre un bain de minuit
Dans le grand océan
Si tu aimes la mauvaise vie
Ton reflet dans l'étang
Si tu veux tes amis
Près de toi tout le temps

Si tu pries quand la nuit tombe
Mon enfant, mon enfant
Si tu ne fleuris pas les tombes
Mais chéris les absents
Si tu as peur de la bombe
Et du ciel trop grand
Si tu parles à ton ombre
De temps en temps

Si tu aimes la marée basse
Mon enfant, mon enfant
Le soleil sur la terrasse
Et la lune sous le vent
Si l'on perd souvent ta trace
Dès qu' arrive le printemps
Si la vie te dépasse
Passe mon enfant

Ca n'est pas ta faute
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ca n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou plutôt sans

Si tu oublies les prénoms
Les adresses et les âges
Mais presque jamais le son
D'une voix, un visage
Si tu aimes ce qui est bon
Si tu vois des mirages
Si tu préfères Paris
Quand vient l'orage

Si tu aimes les goûts amers
Et les hivers tout blancs
Si tu aimes les derniers verres
Et les mystères troublants
Si tu aimes sentir la terre
Et jaillir le volcan
Si tu as peur du vide
Vide mon enfant
Ca n'est pas ta faute
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ca n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou plutôt sans

Si tu aimes partir avant
Mon enfant, mon enfant
Avant que l'autre s'éveille
Avant qu'il te laisse en plan
Si tu as peur du sommeil
Et que passe le temps
Si tu aimes l'automne vermeil
Merveille rouge sang

Si tu as peur de la foule
Mais supporte les gens
Si tes idéaux s'écroulent

Le soir de tes 20 ans
Et si tout se déroule
Jamais comme dans tes plans
Si tu n'es qu'une pierre qui roule
Roule mon enfant

Ca n'est pas ta faute
Et ça sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ca n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou plutôt sans

Mon enfant...Mon enfant...

films

Shutter Island
Au large de Boston, en 1954. A bord d'un ferry englué dans la brume, vaisseau fantôme sur une mer de plomb, un homme vomit tout ce qu'il peut dans la cuvette des toilettes. L'homme décomposé n'en est pas moins reconnaissable : c'est Leonardo DiCaprio, l'ex-jeune mort pimpant du Titanic. Sur le bateau de Scorsese, il fait plutôt l'effet d'un mort-vivant revenu d'on ne sait quel outre-monde. Cet être blême, chiffonné et migraineux a pour nom Teddy Daniels, un flic. Il finit par rejoindre sur le pont son collègue, Chuck Aule (Mark Ruffalo). Les deux hommes, qui travaillent pour la première fois ensemble, sont mandatés pour se rendre sur Shutter Island, où se trouve le plus grand asile pénitentiaire du pays, réservé aux criminels atteints de troubles psychiatriques. Rachel Solando, une détenue, vient de s'en échapper.
L'accostage n'a rien à envier à la traversée. Orage menaçant, roches noires et escarpées ouvrant sur des à-pics redoutables, lumière blafarde, bâtiments en brique couleur sang coagulé, dispositif de haute sécurité : l'atmosphère y est oppressante, sinistre. Avec l'enquête qui démarre, Teddy Daniels découvre que la faune locale est encore plus effrayante. Visages déments entrecroisés, staff infirmier patibulaire, psychiatre en chef retors (Ben Kingsley, aux petits oignons) qui lui met inexplicablement des bâtons dans les roues, secondé dans la tâche par l'ironique docteur Naehring (Max von Sydow, raide comme la mort).
Pour ne rien arranger, Daniels est en proie à ses propres démons. La mort de sa femme dans un incendie causé par un pyromane dont il espère secrètement retrouver la trace à Shutter Island. Ou encore les images effroyables de Dachau revenant régulièrement zébrer sa mémoire d'ancien GI découvrant l'horreur des camps. Sa barque ainsi lestée, Daniels doit malgré tout retrouver Rachel Solando, qui a tué ses trois enfants, et disparu sur une île dont on ne peut s'échapper ! Cette affaire recouvre-t-elle, comme il finit par en avoir le soupçon, une réalité beaucoup plus compromettante pour le gouvernement américain, engagé dans la lutte anticommuniste ? Se livrerait-on ici à des expérimentations humaines sur les détenus, avec la complicité de criminels de guerre nazis exfiltrés par les services secrets ?
Pour le savoir, cher futur spectateur, il faudra évidemment voir ce film, en évitant les éventuelles rumeurs qui pourraient vous en dissuader. Par exemple l'invraisemblance et le kitsch du film. Ou bien son renversement final qui se joue du spectateur, procédé réputé indigne du grand art. Sans compter ceux qui connaissent la fin de l'histoire pour avoir lu le roman Shutter Island, de Dennis Lehane (Rivages, 2003), dont le film est adapté. Ces réserves peuvent s'entendre. Shutter Island n'en est pas moins un film palpitant, qui vous tient de bout en bout, malgré l'ironie baroque qui le parcourt. C'est aussi un film qu'il est particulièrement intéressant de rapporter à l'obsession de Scorsese pour la question du mal. Shutter Island est en effet la première confrontation du cinéaste avec ce paradigme en la matière qu'est la barbarie nazie.
Par-delà l'anecdote, Shutter Island se révèle puissamment travaillé par ce qu'il advient de l'humanité à l'épreuve du nazisme. C'est la terrifiante duplicité du film, qui n'épargne surtout pas les Etats-Unis. C'est ce plan halluciné d'un couple sur lequel se met à pleuvoir une nuée de cendres. Ce sont ces personnages qui disparaissent sans laisser de traces ou qui se désintègrent numériquement sous nous yeux. Ce sont ces fantômes des camps qui reviennent pour demander pourquoi on ne les a pas sauvés. Toutes choses qui font de Shutter Island un des films les plus les plus sombres et les plus désespérés de Martin Scorcese.

10 mars 2010

IMAGES VINTAGE



Est-ce moins sexy que nos couvertures de magazines actuels?
Moi je leur trouve beaucoup de charme!

02 mars 2010

bouquins


CHUCK PALAHNIUK - LE FESTIVAL DE LA COUILLE 


Premier recueil non-fiction de PALAHNIUK paru en français, "Le festival de la couille et autres histoires vraies" fait partie de ces livres qui hantent longtemps le lecteur.

Enfin débarrassé de la médiocre prestation de Freddy Michalsky aux manettes traductantes, le texte se distille comme un alcool délicieusement fruité sous la houlette de Bernard Blanc. Un changement bienvenue qui permettra aux nouveaux venus de découvrir un PALAHNIUK au meilleur de sa forme, là où les connaisseurs se contenteront d’apprécier ces tranches de vies douces amères, racontées tranquillement par un auteur décidément majeur.

Si le "Festival de la couille" ne concerne finalement qu’un seul texte ["Testy Festy" en anglais], le recueil lui-même s’intitule assez explicitement "Stranger than fiction". traduit littéralement par "Plus étrange que la fiction", le titre a le mérite d’être clair : les histoires compilées ici sont des oeuvres journalistiques. Elles concernent donc des personnages, des situations et des contextes bien réels. Et si cette vérité si chère à l’objectivité est quelque peu malmenée par l’absurde, le tragique ou même l’héroïque, qui s’en plaindrait ?
A mi-chemin entre le récit autobiographique et le compte rendu d’actualité, "Le festival de la couille" n’a rien d’un brûlot nihiliste engagé, mais allie au contraire pudeur et sobriété, pour un résultat étonnamment tendre à l’égard du genre humain.
Terrible constat pour ceux qui pensaient tout connaître de leur ami Chuck. Le monsieur aime son prochain. Et il le prouve magistralement en évoquant quelques spécimen aussi barrés que lumineux, sans jugement ni catégorisation, sans moquerie ni exagération, avec intelligence et parfois même une sincère dose d’admiration.

De l’admiration, il faut pourtant gratter loin pour en trouver face à ce concours de stock-car-moissonneuse-batteuses, où des machines agricoles relookées façon Mad Max Vs Alain Prost s’affrontent dans la boue, dans un immense hurlement de ferraille torturée, pilotées par des allumés fidèles à un idéal sportif parfaitement inaccessible au commun des mortels.
Du respect, il faut chercher longtemps pour en concevoir face aux tarés fracassés par la vie qui se foutent des peignées dans le cadre très structuré de la lutte gréco-romaine. Sport méconnu et méprisé, peu médiatique et donc pauvre, pratiqué pourtant dans les règles de l’art par des hommes et des femmes dont le courage et l’abnégation laissent pantois un lecteur incrédule.
Quant aux bâtisseurs de châteaux médiévaux, ils pourraient faire sourire. Mais pour peu qu’on découvre l’hallucinante somme d’efforts que leur construction représente, quand on comprend peu à peu que leurs propriétaires les ont bâtis de leurs mains, pierres après pierres, sacrifiant parfois leur vie de famille au profit d’une passion aussi payante que destructrice, on a bien du mal à ne pas avoir envie de leur offrir un verre en leur tapant sur l’épaule.
Ils sont tous comme ça, les personnages de PALAHNIUK. Allumés, grands-brûlés de l’existence, dingues et attachants. Tous avec leurs délires, leurs passions, leurs soucis. Tous à des milliers d’années lumières de nos vies, et pourtant si proches. Ce sont nos voisins, nos banquiers, nos facteurs, nos agents d’assurance, ils tournent dans leur monde en orbite désynchronisée, et nous ne pourrons jamais en voir les deux faces. C’est comme ça et c’est tant mieux. PALAHNIUK leur donne la parole, du plus humble au plus célèbre, avant de la prendre lui-même pour s’auto-ridiculiser et rendre à obsessionnel ce qui appartient à obsessionnel.
Notre monde est peut-être bien malade, mais on y trouve encore une sacré humanité.
Merci, Monsieur, de nous la rendre si lisible.

01 mars 2010

Les villes d’immense solitude



J’ai deux vies. Peu à peu, je m’y suis habitué. Je ne dis pas que cela me convient, non ; mais c’est ma vie, mes deux vies. Paris, mon mec, mes habitudes, mes amis. Mes rues familières aussi et ma boulangère si aimable et ma charcutière ronchon. Mes dimanches matin sous la couette, notre complicité si évidente, si ancrée maintenant. Et puis, les voyages, les avions, les trains, les hôtels surplombant de grandes villes étrangères, l’inconnu, la grande solitude m’envahit ;
Couloirs d’aéroport, visages fatigués escalators
Noyés sous des néons tremblotants.
Portes vitrées qui s’ouvrent sur un monde nouveau.
Pancartes, sourires, embrassades, retrouvailles du bout du monde.
Personne ne m’attend sauf le froid de la nuit, et peut-être la file des taxis.
La ville est là, elle défile sous mes yeux ; Trottoirs humides, enseignes multicolores
Sirènes, odeurs de frites, hamburger ou kebab selon les cas.
Et ses passants qui tous vont quelque part, quelque part où on les attend sûrement
La liberté est là, grisante. Celle de laisser ses oripeaux familiers, celle de s’enfoncer dans la nuit, dans l’inconnu,
Parcourir les rues, les ruelles, se perdre,
Celle d’être un autre, de regarder l’Autre avec un nouveau regard, un regard de son autre Soi
Inconnu parmi les inconnus ; disponible, ouvert ; Jekill & Hyde.
La liberté de te parler, de partager quelques instants de ta vie. Toi qui attends là bas sur le trottoir d’en face. Toi qui attends je ne sais quoi ; rien sans doute, juste que le temps passe, juste que la nuit s’écoule et laisse place au jour.
Combien j’en ai vu des comme toi, combien en ai-je désiré des comme toi ; avec la même flamme dans le regard. Chiens perdus sans collier, décalés, « pas comme nous » mais finalement des « comme moi, il y a peu ».
Mais ce coup-ci comme la plupart des fois d’ailleurs. Je rejoins mon hôtel cossu, ma chambre avec vue sur la ville.
Cette fois-ci encore, je me protégerai sous un peignoir confortable, blanc immaculé et je contemplerai la ville ses néons, derrière d’épais vitrages. Laissant ces ames sœurs attendre le bout de la nuit.
Take a walk in the wild side.





bouquins

.La Bête contre les Murs-Edward Bunker

« A ceux de là bas et qui en sont sortis » : Cette dédicace en dit déjà long. Ron Decker va tout apprendre de la prison

Deux ans. Tout commence au tribunal, où Ron, la vingtaine, plutôt beau gosse, écope de deux années minimum au pénitencier de San Quentin, tristement connu pour ses meurtres sauvages et répétés, ses émeutes raciales... Après tout, qu'est ce que c'est, deux ans ? Pas grand chose, se dit-il, dans deux ans il sera dehors, certes en conditionnelle mais libre. Seulement le monde qu'il découvre entre les murs de San Quentin va vite le faire déchanter. Ici émeutes raciales, viols et meurtres de sang froid font partie du quotidien. Ce n'est pas ce qu'a connu Earl lorsqu'il est arrivé entre ces murs 18 ans auparavant. A son époque, pas de clans, pas de guerre. Il fallait simplement paraître dur pour laisser ses fesses au frais et ne pas se faire refroidir.

Beau gosse. Lorsque Earl voit Ron pour la première fois, il ne veut pas de lui. Le joli gosse au milieu des bêtes en mal de femmes ne peut que lui attirer des ennuis à quelques années de la libération... Et pourtant il décèle en lui une force que les autres prisonniers n'ont pas, aussi bestiaux soient-ils. Earl et Ron deviennent alors les meilleurs amis qu'ils ont jamais eu. Ron intègre la Fraternité Blanche et passe les émeutes à l'abri, se libère de quelques psychopathes le plus simplement du monde.

Prison Facile. Earl est le prisonnier le plus influent de la prison et dirige une horde de monstres blancs pouvant tuer de sang froid pour un paquet de cigarettes. Earl a fait beaucoup pour lui, mais quand une nouvelle fois un gros dur désire l'avoir comme mignon, Ron se rebiffe et lui inflige le châtiment approprié dans ce monde fermé : la mort. Ron vient de terminer sa descente aux enfers. Le seul échappatoire vers la liberté : l'évasion...

Un uppercut littéraire. Après Aucune Bête aussi féroce, Edward Bunker frappe un nouveau grand coup. Ce roman ne peut laisser personne indifférent, tant les récits, précis et vivants, font apparaître l'horrifiante réalité : Ron est un citoyen comme les autres. Même s'il vend de la drogue, il ne pourrait jamais tuer un de ses semblables, noir ou blanc. Il ne fait que "répondre à la demande" dit-il au juge. Et pourtant, après moins d'un an placé entre quatre murs, ce même Ron est devenu raciste et meurtrier. Le premier aspect essentiel de ce récit est le long processus de déshumanification d'un citoyen placé dans un milieu extrême. L'autre aspect essentiel est la description, criante de vérité et fouillée, de ce monde carcéral.

Autobiographie à deux visages. A travers les deux personnages principaux, on retrouve l'auteur à deux âges différents : Bunker a pénétré cet univers très tôt et a dû survivre dans ce milieu convoitant la chair fraîche. Plus tard, ayant grandi, il a su tirer quelques ficelles et devenir un "citoyen" respecté. Ce point est récurrent chez Bunker qui n'a pour l'instant écrit que sur les truands et la prison, encyclopédie vivante en la matière.

To Hell and Back. Ce roman a propulsé Edward Bunker au rang de consultant dans le monde du cinéma, pour tout ce qui touche de près ou de loin à la prison. Les bandits de Heat, de Reservoir Dogs (Mr Brown)... sont calqués sur les dires de l'ancien plus jeune pensionnaire de San Quentin. L'univers de Bunker a planté le décor de nombreuses fictions, il est pourtant bien réel (la vraie TV réalité ?). L'adaptation de Steve Buscemi portée au cinéma, acclamée par la critique, et la série Oz en sont deux exemples. Une grève de prisonniers, revendiquant de meilleures conditions de détention, tournée en émeute raciale par les dirigeants, pour faire taire l'opinion publique. Des gardes qui abusent parfois de leur fusils de sniper. Des meurtres pour rien diriez-vous, des meurtres pour tout diraient-ils. Bunker nous met sous le nez un monde qui ne ressemble à rien de connu pour nous simples citoyens : l'Enfer.